Depuis le 15 janvier dernier, les Français étaient invités à contribuer à ce débat soit en ligne soit en participant à des débats sur le terrain. Le gouvernement estime déjà que le débat est une réussite. Il avance pour cela quelques chiffres: 10.000 réunions en deux mois, 1,4 million de contributions sur la plateforme dédiée, 16.000 cahiers de doléance déposés dans les mairies. Et "60 % des réunions organisées l'ont été par des élus locaux". Luc Rouban, sociologue et directeur de recherche au CNRS revient sur le profil des citoyens qui ont contribué à ce grand débat.
Lors du lancement du grand débat, le gouvernement avait retenu quatre grands thèmes. La transition écologique, la fiscalité, la démocratie et la citoyenneté, l’organisation de l’État et des services publics. Sans surprise, la fiscalité est celui qui est le plus souvent revenu avec 135.000 contributions. Ce sujet est à l'origine du mouvement des Gilets jaunes. Les Français ont également fait part de leur intérêt pour les enjeux écologiques (106.000 contributions). Ils ont aussi fait part de leur préoccupation autour des thèmes de l’emploi, du pouvoir d’achat, de l’immigration ou encore de l’éducation. Mais comment sont plus précisément analysés toutes ces contributions numériques ou papier de ce grand débat ? Les explications de l’un des cinq garants de ce Grand débat national, l’ancien magistrat Guy Canivet, membre du Conseil constitutionnel entre 2007 et 2016.
Les garants, s’ils dressent un bilan globalement positif de ce débat, ont regretté la forte exposition du président de la République et de son gouvernement pendant la consultation. Notamment celle d’Emmanuel Macron, qui a engagé une tournée de rencontres et de réunions largement médiatisées. Les garants ont eu également de vrais difficultés, dans certaines régions, à recruter des citoyens tirés au sort qui acceptent de participer aux conférences régionales qui doivent se tenir aujourd’hui et demain et les 22-23 mars. Précisons que la mission des garants, devrait s’arrêter mi-avril, dès qu’ils auront remis leur rapport de synthèse.
En attendant ces synthèses, comment sur le terrain ce grand débat a-t-il été perçu ? Illustration avec André. Ce médecin habite dans la Drôme. Il fait partie depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. Il a pu rencontrer Emmanuel Macron lors de son déplacement à Bourg-de-Péage près de Valence. S’il a apprécié de pouvoir s’exprimer, il regrette toutefois que la majorité des Gilets jaunes n’ait pas été associée à l’organisation de ce débat.
Dans le Nord de la France, l’ancien maire de Douai, Jacques Vernier, a joué le rôle de coordonnateur de ce grand débat national pour le département du Nord. Il a donc pu observer de près ces réunions locales et ce qui l’a le plus frappé, c’est que les participants soient capables de discuter au-delà de leurs différences.
A Toulouse, le maire a tenu à rendre public cette semaine sa contribution au débat. Toulouse a été après Paris la ville la plus impactée par le mouvement des Gilets jaunes. A un an des municipales, son maire, Jean-Luc Moudenc, a donc tenu à apporter sa contribution à ce débat. Le maire de Toulouse veut taxer les hauts patrimoines financiers, il veut plus d’écologie, le vote obligatoire et la reconnaissance du vote blanc. Il est surtout convaincu qu’une plus grande décentralisation serait un remède à la crise que traverse notre démocratie.
Après deux mois et demi de discussions partout dans le pays, plus que jamais, les attentes des citoyens se portent notamment en faveur du pouvoir d’achat et de la démocratie. Mais après le débat encore le débat. Place désormais aux conférences citoyennes avec des Français tirés au sort, aux conférences nationales des partenaires sociaux, et aux débats à l'Assemblée nationale et au Sénat. Sans oublier les régions qu'il reste à visiter (Corse, Pays de la Loire et Bretagne). Quant à Emmanuel Macron , il a décidé de se donner un mois pour trancher sur les propositions à retenir. Il devrait clore le débat à partir de la mi-avril, et donner "les grands axes de réponse et le sens de la direction à suivre".
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