Depuis le 15 janvier et pendant deux mois, des millions de Français peuvent débattre sur quatre thèmes choisis par l’exécutif : la fiscalité et les dépenses publiques, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté et enfin sur la question de l’organisation de l’Etat et des services publics. Pour participer, plusieurs possibilités: des réunions locales, des contributions en ligne, des stands de proximité et des conférence régionales. Le tout encadré par un collège de cinq personnalités pour garantir l’indépendance du débat.
Un débat dans lequel les syndicats se cherchent une place. Les partenaires sociaux ont été conviés une première fois à Matignon début janvier dans le cadre des consultations menées pour préparer le grand débat. Mercredi, une deuxième rencontre est prévue avec le gouvernement. Les syndicats ont accueilli le principe de ce grand débat de manière prudente ou avec défiance. La CGT refuse par exemple de participer au débat, elle n’ira pas à la réunion de mercredi à Matignon et a lancé un appel à la grève pour mardi. A l'inverse, Force ouvrière et la CFDT sont plutôt partie prenante de ce débat et incitent ses militants à participer aux initiatives locales. Les précisions de Marylise Léon, secrétaire général adjointe de la CFDT :
La CFTC ira elle aussi rencontrer le Premier ministre à Matignon. La CFE-CGC a aussi l’intention de répondre à l’invitation d’Edouard Philippe pour la deuxième réunion consacrée au grand débat national. Le syndicat des cadres n’empêche pas ses militants de participer au débat. Il a pris fait et cause pour les Gilets jaunes sur la question du pouvoir d’achat et des salaires et regrette que le pouvoir ne fasse pas confiance aux partenaires sociaux. C'est ce qu'explique François Hommeril, président de la CFE-CGC:
Chez les patrons, on est aussi un peu dubitatif sur la finalité de ce grand débat national. D'après le sondage OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, 77% des patrons interrogés n'ont pas l'intention de participer au grand débat national. À l'inverse, seulement 23% ont la volonté de prendre part à cet événement. Par ailleurs, 53% des chefs d’entreprise consultés déclarent ne rien en attendre. Parmi les patrons qui déclarent des attentes, 30% espèrent avant tout des réponses concrètes, 10% estiment que c'est un moyen de faire passer un message aux pouvoirs publics et enfin, seulement, 5% indiquent que c'est l'occasion d'échanger et de rencontrer des citoyens.
Le mouvement des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens s’est justement réuni à Angers la semaine dernière afin de réfléchir à sa contribution au grand débat national. Pour Philippe Royer, le président des EDC, il est urgent que les chefs d'entreprise prennent en compte les plus faibles, avec le juste souci de la répartition des richesses.
Une chose est sûre. A l'avenir, les partenaires sociaux ne veulent pas rester sur la touche. Ils veulent être associés aux initiatives prises à la sortie du grand débat, d'ici le mois de mars ou le mois d'avril. La CFDT a déjà des idées et propose qu'à l'issue du débat 'les organisations syndicales, patronales, les associations organisent une sorte de Grenelle du pouvoir de vivre'.
Au delà du débat, plusieurs scénarios sont sur la table pour sortir de la crise. Le premier, peu probable, consiste à dissoudre l'Assemblée nationale. Le deuxième pourrait être de convoquer un Grenelle avec les partenaires sociaux. Le troisième pourrait être un remaniement mais le scénario le plus probable pour l’instant reste bien l’idée d’un référendum. Cette consultation des Français pourrait avoir lieu le 26 mai prochain, jour des élections européennes. L’exécutif pourrait trancher la question d'ici une dizaine de jours.
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