Ce qui cristallise les tensions et qui est à l’origine de cette grève c’est la réforme des retraites, une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Le projet de réforme n'est pas connu dans le détail. Il devrait être dévoilé courant décembre. Ce que l’on sait c’est qu’il vise à instaurer un régime de retraite universel par point. Ce régime viendrait unifier tous les régimes existants, dont les régimes spéciaux dont bénéficient les cheminots ou les agents de la RATP qui manifestent. En déplacement dans la Somme il y a quelques semaines, Emmanuel Macron faisait donc de cette manifestation une mobilisation pour la sauvegarde des régimes spéciaux.
A l’inverse, les syndicats, notamment des cheminots se défendent de mener un mouvement qui ne concernerait que leurs régimes spéciaux de retraite. De nombreux acteurs sont d'ailleurs réunis dans ce mouvement puisque des syndicats étudiants, enseignants, policiers mais aussi des éboueurs, des avocats, des Gilets jaunes ou des membres du personnel hospitalier se sont joints à cette grève ces dernières semaines.
Mais les revendications de tous ces acteurs ne se concentrent pas uniquement sur la question des retraites. L'hôpital public et les enseignants dénoncent notamment un manque de moyen tandis que les étudiants manifestent contre leur précarité depuis plusieurs semaines suite à l’immolation de l’un de leur camarade devant le Crous de Lyon en novembre.
Il s’agirait donc plutôt d’une convergence des colères tournées contre le gouvernement. Pourtant selon Stéphane Sirot, historien à l’Université Cergy Pontoise et spécialiste des mouvements sociaux, cette juxtaposition de revendications n’empêche pas le mouvement de se réunir autour d’un point commun.
L’opinion publique va aussi jouer un rôle clé dans cette mobilisation. C’est là que le discours du gouvernement sur les régimes spéciaux prends tout son sens. Les syndicats doivent faire de ce combat contre la réforme des retraites un combat universel. A l’inverse, le pouvoir doit convaincre que c’est un mouvement de privilégiés afin de le décrédibiliser aux yeux du plus grand nombre et ainsi tuer toute chance de convergence.
La durée de la grève devrait aussi entrer en ligne de compte. Les blocages des trains et des transports en commun pourraient entraîner des fortes tensions et faire basculer la bataille de l’opinion public en faveur du pouvoir. Et pour l’instant, il apparaît que ce mouvement devrait s’inscrive dans le durée. La durée de cette grève aura donc une influence sur la chance de voir ou non émerger cette fameuse convergence des luttes.
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