Les éleveurs du Sud-Ouest touchés par ces abattages sont un peu désabusés par cette situation. "Cela fait un an et demi qu’ils sont dans des procédures assez importantes au niveau de la grippe aviaire. Il y a eu des vides sanitaires sur tout le printemps. Ils remettent leurs animaux en place, et la grippe aviaire est de retour. Il y a beaucoup de désespoir" explique Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne.
Cet abattage massif est sans nul doute une mesure radicale, pour lutter contre l’épidémie de grippe. Pour Laurent Pinatel, "on peut disserter sur la mesure d’abattage total. On savait qu’il fallait faire quelque chose. Le gouvernement a choisi l’abattage. Nous avons pris acte de cette décision. Il nous semble qu’il existait des solutions plus pertinentes, mais quoi qu’il arrive, il fallait arrêter la propagation du virus."
Cela dit, pour la Confédération paysanne, d’autres mesures doivent être prises et notamment un certain nombre de dérogations. Sur la question de la grippe aviaire en particulier, "on nous avait dit que le problème était la zone migratoire. Sauf que ce virus H5N8 qui sévit dans le Sud-Ouest est le même que celui qui sévit en Hongrie. Or il n’y a pas de couloir de migration entre ces deux zones. Par contre il y a des couloirs de circulation de camions assez importants entre les deux pays, notamment pour acheminer de Hongrie des cannetons installés par la suite en France. C’est la maladie d’un système qui est fou. Pourquoi n’arrive-t-on pas à produire nos propres cannetons ?" s’interroge le porte-parole de la Confédération paysanne.
La Confédération paysanne pointe également du doigt le fait que cette affaire de grippe aviaire va favoriser les élevages industriels, et donc hors-sol, au détriment des producteurs. "La filière industrielle a beaucoup plus de facilités à se remettre d’un épisode d’abattage, ce qui n’est pas le cas des petites producteurs. Ils risquent d’arrêter. La réalité est là" ajoute Laurent Pinatel.
Le gouvernement a promis aux éleveurs des indemnisations, dès lors que la situation se serait stabilisée. "Ces indemnisations doivent être à la hauteur des préjudices subis, et elles doivent être rapides. On ne peut pas considérer l’ensemble des producteurs sur un pied d’égalité. Ces indemnisations doivent arriver rapidement. Les éleveurs ne peuvent pas faire d’avance de trésorerie" conclut-il.
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