Hong Kong devait aujourd’hui célébrer le 23e anniversaire de sa rétrocession à la Chine. Mais la fête est finalement gâchée, puisque le Parlement chinois vient d'adopter à l'unanimité la loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong. Elle est entrée en vigueur à minuit, et prévoit de réprimer le "séparatisme", le "terrorisme", la "subversion" et la "collusion avec des forces extérieures et étrangères". Mais en réalité, les défenseurs de la démocratie craignent surtout que le texte soit un moyen de mettre un terme à la semi-autonomie de Hong Kong et de punir la moindre dissidence. Et d'après Jean-Yves Heurtebise, philosophe et sinologue, tout cela pourrait en tout cas avoir des conséquences sur les relations internationales entre Pékin et Washington.
Si on ne connaît pas encore en détail le contenu de cette loi, "elle va introduire un grand nombre de changements au niveau législatif, il va y avoir une agence de sécurité de Pékin qui va pouvoir être implantée sur le sol de Hong Kong", explique Jean-Yves Heurtebise. "En gros ça crée une forme d'extraterritorialité de Pékin à l'intérieur de Hong Kong avant son appropriation par Pékin."
L'adoption de cette loi par la Chine intervient alors que le pays est aujourd'hui en conflit avec un grand nombre de ses voisins. Et en conflit économique avec les États-Unis, qui ont annoncé qu'ils allaient mettre fin à l'exportation de matériel de défense sensible vers Hong Kong. Le sinologue observe "un processus d'escalade des tensions entre la Chine et les États-Unis".
La Chine veut montrer qu'elle est une puissance et "qu'elle n'a plus à demander l'accord des autres puissances dans ce qu'elle estime être son territoire". Face à cela que peut faire la communauté internationale ? La situation est complexe, précise le sinologue, à cause des enjeux économiques et aussi de la présence - de "l'entrisme", dit le sinologue - de la Chine dans les grandes institutions internationales.
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