L’hôpital, c’est un haut lieu d’espoir pour qu’il nous guérisse dès qu’on est atteint dans notre santé, et en même temps bien sûr un lieu qu’on préfère ne pas avoir à rejoindre, puisqu’on n’y va bien sûr pas pour y passer ses vacances. Avec la coronovirose 2019, il est en effet redevenu au centre des débats. Ce n’est pas d’hier, et nous allons constater que le mot a une longue histoire.
L’opital, sans h, comme on l’écrivait au début du XIIe siècle lorsque le mot entra en langue française, est en fait issu d’une abréviation de la formule en usage en bas latin, hospitalis domus, signifiant tout simplement maison hospitalière, l’adjectif hospitalis se rapportant ici à hospes, la personne offrant l’hospitalité, l’hôte. Ainsi, l’hôpital a-t-il d’abord désigné la maison gérée par des religieux où l’on recevait les pèlerins fatigués et les miséreux, dont la mine n’était pas forcément particulièrement fraîche. De fait, la toute première définition de l’hôpital, issue en 1680 du Dictionnaire françois de Richelet, illustre parfaitement ce premier sens : « L’hôpital est un lieu où se retirent les pauvres qui n’ont pas le moyen de vivre, & où l’on a un soin particulier de leur salut. » C’est vers 1670 qu’est née une formule qui nous paraîtrait aujourd’hui curieuse, hôpital pour les malades, afin de distinguer ce dernier de l’hospice, ou de l’hôpital des orphelins », précisent nos dictionnaires sous Louis XIV. Ce ne sera en fait qu’au début du XIXe siècle que le mot hôpital, sans avoir à être déterminé, s’assimilera spontanément à l’établissement public accueillant les personnes ayant besoin de soins, qu’elles soient malades, blessées ou sur le point d’accoucher…
En 1946, dans un dictionnaire d’humour que j’ai dans ma bibliothèque de malade, je lis ceci : « Hôpital : établissement où l’on est reçu gratuitement sur sa mauvaise mine ». Parfait, on y entre avec grise mine et on souhaite en sortir sinon avec une bonne mine du moins avec une meilleure forme. Alors en ce qui me concerne, ils ont décelé une grave dicopathie, incurable ont-ils dit, mais en rien mortelle, mais attention, extrêmement contagieux. Eh bien tant mieux !
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot !
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