Hubert Védrine vient de publier chez Fayard l’ouvrage intitulé "Compte à rebours : comment conjurer les menaces". Un titre fort, qui exprime un certain sentiment d’urgence. A ce sujet, Hubert Védrine explique qu’il "distingue l’urgence qui est née d’une sorte d’hystérisation de la vie moderne. Mais je parle de processus écologique, du compte à rebours démographique, du choc numérique et de ses incertitudes, tout cela dans un contexte non pas de communauté internationale, mais de désordre mondial, voire de chaos".
En matière d’écologie, l’ancien ministre des Affaires étrangères avoue avoir toujours été très sensible à la question de la nature. "C’est pour moi un capteur. Le seul sport sérieux que j’ai fait, c’est l’alpinisme. J’ai toujours adoré la nature en général. J’ai souvent été très sensible à cela. Même si les gens me voient souvent comme un intellectuel urbain. Je mesure cela depuis très longtemps, mais je n’avais pas eu à l’exprimer" ajoute-t-il.
En dépit de ce constat, Hubert Védrine veut rester positif. Mais il s’inquiète pour l’Europe. "Le monde est effrayant, mais il l’est particulièrement pour les Européens. Ils ont cru à la fin de l’empire soviétique, ils ont cru à la communauté internationale en dépassant les méchantes identités. Tout cela, c’est du vent. Je n’y ai jamais cru. Même quand on est de culture réaliste, le monde est chaotique, il n’est pas régulé. La situation est inquiétante" précise Hubert Védrine.
Une Europe mise à mal par la situation en Italie. Une situation qui n’a pas surpris Hubert Védrine. "Je n’ai pas été surpris. J’avais été très marqué par le résultat du référendum de Maastricht, à l’époque j’étais secrétaire général de l’Élysée, au centre des informations. Et en dépit de l’engagement de toutes les personnalités qui ont une influence politique ou morale dans ce pays, seulement 51,5% des gens ont voté en faveur de Maastricht. On pourrait citer également le référendum de 2005, rejeté par les Français. Il y a des signes très nombreux et tant que les élites européistes n’auront pas compris qu’il faut trouver une réponse apaisante et raisonnable aux besoins des peuples qui demandent à garder une certaine identité, une certaine souveraineté, les peuples seront de plus en plus enragés. Ce qui donne l’Italie" analyse l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Dans son dernier ouvrage, Hubert Védrine appelle à un réveil de la puissance européenne. "Je pense que l’idée des Européens d’après la guerre, était de limiter tout ce qui fait la puissance. C’est assez sympa. Mais ce n’est pas la réalité. Les Européens ont vu le monde comme des Bisounours. Et ils ont un peu de mal à atterrir. Il faut que les peuples européens comprennent que si l’Europe ne devient pas une sorte de puissance, pacifique, qui se fasse respecter, et bien l’Europe sera impuissante et dépendante" conclut-il.
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