Le 14 janvier 2011, après quatre semaines de protestations, le président Ben Ali, en poste depuis 1987, quittait la Tunisie pour se réfugier en Arabie saoudite. Depuis, le pays a ouvert une nouvelle page de son histoire.
"Les Tunisiens célèbrent la fin d’un régime autoritaire, l’avènement d’un régime démocratique. Ils célèbrent aussi la redéfinition d’un contrat social qui était effectivement miné à la fois par le népotisme et la corruption, et le début d’une transition politique vers un équilibre des pouvoirs qui permet à des catégories de population qui ne participaient pas, de participer à ce régime politique" explique Choukri Hmed, maître de conférences en sciences politiques à l’Université Paris Dauphine.
"Tout à fait. Il y a aussi quelque chose dont on parle moins, les classes populaires qui n’avaient pas l’opportunité ni le droit d’évoquer une opinion divergente. Ceux-là ont la possibilité de s’exprimer à la fois dans la rue, mais aussi dans les urnes, ce qui est aussi radicalement différent" ajoute-t-il.
"Absolument. De mon point de vue, contrairement à l’opinion commune, qui voit dans les manifestations un obstacle à la réalisation des objectifs de la révolution, un obstacle à la croissance économique, c’est aussi un signe de vitalité politique. Cela montre qu’il y a des rapports de force qui sont en train de s’exercer entre différents groupes et désormais les choses sont publiques, et davantage soumises à des négociations qui peuvent parfois être violentes" précise ce spécialiste de la Tunisie.
"Il reste à faire plusieurs choses. Du point de vue occidental, c’est une petite exception au milieu du monde arabe. C’est un des seuls pays démocratiques de cette région. Il reste à consolider les institutions politiques. Pour les Tunisiens et les Tunisiennes, il reste à espérer de changer de statut social, vers plus d’égalité. Cela passe par un modèle de développement radicalement différent. Au niveau international, les pays occidentaux doivent soutenir cette expérience tunisienne, que la France n’a que timidement soutenue" conclut-il.
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