Période traditionnellement importante pour les producteurs ostréicoles, les fêtes se sont achevées. L'heure de faire le bilan avec notre Invité Région, Philippe Morandeau, et d'évoquer les grands enjeux touchant le secteur.
En poste depuis 2022 à la tête du Comité régional de la Conchyliculture (CRC) en Charente-Maritime, Philippe Morandeau connaît bien le secteur ostréicole charentais-maritime. Producteur lui-même sur l'île d'Oléron, il a occupé pendant douze ans le poste de vice-président du CRC 17, avant donc d'enfin prendre sa tête. Après une année 2023 mitigée, il revient pour RCF sur les fêtes et tente de se projeter sur les années à venir.
RCF : La période des fêtes est-elle réellement charnière pour les producteurs d'huîtres ?
Philippe Morandeau : Bien sûr. Par tradition, on mange des huîtres pour Noël. Cela fait partie de ces plats comme le foie gras, la bûche de Noël et autres réjouissances. La période des fêtes représente une partie qui représente environ la moitié de la consommation des huîtres en France. C'est obligatoirement une période charnière.
Quel bilan tirez-vous des fêtes qui viennent de s'écouler ?
C'est mieux que l'année dernière, et pour cause. On ne retrouve pas les mêmes volumes qu'il y a 5 ou 10 ans, il s'en consomme moins. Pour des raisons multiples : le pouvoir d'achat, les habitudes alimentaires des Français qui changent... On dit par exemple que les jeunes ne mangent pas d'huîtres, mais quand on leur ouvre, ils les mangent. Les habitudes alimentaires des Français vont au plus pratique : si vous faites les marchés, il y a beaucoup de plats tout prêts, les gens passent beaucoup moins de temps à cuisiner qu'auparavant.
Pensez-vous que les huîtres vont malgré tout rester un mets apprécié par les Français ?
Je pense qu'on en a quelques années, quand-même. On consommera des huîtres en France pendant encore longtemps, il s'en consomme un peu partout dans le monde. En Europe, la France est le plus gros producteur et le plus grand consommateur. Il n'empêche qu'il s'en mange en Europe et dans le monde, l'export représente environ 12% du volume produit et commercialisé en France.
Et les plus grosses entreprises d'export sont majoritairement en Charente-Maritime. On est le bassin qui expédie à peu près la moitié de la production française, ce qui est quand-même un signe, alors que d'autres régions sont plus propices à produire. C'est plus facile de produire en Manche ou en Bretagne, où les huîtres et les moules ne se reproduisent pas, car le coût de production est moins élevé.
On parle beaucoup du changement climatique ou de certains virus qui touchent les huîtres. Quels sont les grands défis aujourd'hui de la filière ostréicole ?
Certains virus pathogènes pour le coquillage ne le sont pas forcément pour l'être humain. Même si on a toujours des mortalités, on en a beaucoup moins qu'il y a une dizaine d'années et on continue. Je pense que dans les années futures, sauf, parce qu'on ne peut pas le prévoir, s'il y a un événement comme dans les années 70 [l'extinction de l'espèce cultivée en Charente-Maritime], il n'y a pas de raison qu'on ne continue pas à produire des huîtres pendant encore longtemps.
Chaque jour de la semaine, un sujet d’actu avec un invité interviewé par chaque radio RCF de Nouvelle Aquitaine.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !