En pleine saison estivale, les médecins et le personnel médico-social manquent à l’appel. Après trois années intenses au rythme du Covid-19, il est temps pour eux de prendre des vacances. Malgré des promesses faites par le président français Emmanuel Macron, en janvier 2023, le manque de personnel se fait de plus en plus important, et l’été n’en est pas la seule raison.
Depuis plusieurs années, le système de santé se dégrade, et le personnel soignant manque cruellement. En été, cette absence est d’autant plus ressentie, car les médecins et autres acteurs du monde médico-social, comme tout un chacun, prennent des vacances. Après trois années de grandes difficultés, à cause entre autres du Covid-19, l’hôpital et ses confrères luttent pour maintenir les soins aux patients. « Nous nous battons, l’ensemble des soignants et praticiens, pour apporter à tous les concitoyens, le juste soin, c'est-à-dire la meilleure réponse médicale, par rapport aux symptômes à l’instant T », exprime Jean-François Cibien, médecin urgentiste et président d’APH France.
Il existe une réelle bataille face aux différentes difficultés du système de santé, et en particulier dans les structures d’urgence et de réanimation (SMUR). Considérés par le président d’APH France comme une « force et une spécificité française », les SMUR sont la continuité de l'hôpital sur le terrain. Jean-François Cibien rappelle l’importance de ces structures : « quand vous faites un infarctus, que vous êtes polytraumatisé suite à une chute, ou encore un accident de la route, ce sont des minutes là, qui vous permettent d’être rapidement pris en charge et orienter dans la bonne filière de soins ».
Pourtant, aujourd’hui, ce sont des centaines de lignes de SMUR qui sont touchées, et notamment dans les grands centres hospitaliers. Certaines sont même fermées sur plusieurs jours, ou complètement abandonnées. Un manque de personnel, qui a des conséquences sur les patients.
En effet, une moins bonne prise en charge de la patientèle peut signifier un mauvais traitement, qui peut engendrer une deuxième consultation médicale. Et même pour certains, la chronicisation d’une maladie bénigne. Lorsque c’est le cas, les répercussions sur la santé des patients sont évidemment importantes, mais elles le sont aussi sur l’économie du pays. « On parle de pertes de chances, les soins vont être beaucoup plus lourds, et avec le système français, plus la maladie est grave, plus la prise en charge est importante, ce qui va coûter plus cher à la société », explique Jean-François Cibien.
Au-delà de l'hôpital, le monde médical est perturbé même dans ses apprentissages. Selon Jean-François Cibien, c'est un « système malade » que la France abrite. La levée du numerus clausus à la rentrée 2020 n’a pas suffi à renflouer les effectifs. Pour le médecin urgentiste, c’est tout un plan national qui est à revoir : « Il va falloir lancer un grand plan de formation plutôt qu’envoyer nos jeunes Français étudier en Espagne, en Roumanie, au Portugal, etc. et nous faire venir les 20 000 médecins venus du monde entier pour remplir les cases vides des plannings hospitaliers ».
De plus, on compte 15 % de postes vacants chez les praticiens qui assurent la formation et la recherche pour les médecins et les étudiants. Et pour cause, la valorisation du temps clinique est nulle, pour ces praticiens, « la moitié de leur temps de travail n’est pas pris en compte dans le calcul de leur retraite », précise Jean-François Cibien.
Au 6 janvier 2023, Emmanuel Macron annonçait plusieurs mesures, comme « mieux rémunérer les médecins [..] celles et ceux qui vont être prêts à former des jeunes ». Jean-François Cibien déclare qu’il n’en a toujours pas vu la mise en application.
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