Nous commémorons cette année les 30 ans de la disparition de Jacques Rimbault, un maire qui a marqué Bourges de son empreinte. Jean-Claude Sandrier a travaillé avec lui pendant 20 ans, et nous livre ses souvenirs de ce personnage incontournable de l'histoire politique du Berry.
C'était il y a 30 ans presque jour pour jour. Le 19 mai 1993, Jacques Rimbault rendait son dernier souffle à 2 h du matin dans son domicile de Vierzon, des suites d'une maladie à l'âge de 63 ans, deux années avant la fin de son mandat. Pour ses obsèques quelques jours plus tard, plus de 4 000 personnes seront présentes selon le journal l'Humanité pour rendre hommage à celui qui était maire de Bourges depuis 1977, date à laquelle il avait arraché l'écharpe tricolore à Raymond Boisdé, installé à l'Hôtel de Ville depuis 1959. 30 ans après sa disparition, c'est l'occasion de revenir sur celui qui fût l'un des maires marquants de la capitale du Berry.
Né à Bourges en 1929, encarté au Parti Communiste Français à l'âge de 17 ans et ajusteur-outilleur de formation, maire-adjoint de Vierzon, élu au Conseil Général, député du Cher... mais surtout maire de Bourges pendant 16 ans, Jacques Rimbault a laissé une marque indélébile dans SA ville : « Ce qui reste de lui, c'est énorme ! » explique Jean-Claude Sandrier. Il a travaillé durant 20 ans aux côtés de Jacques Rimbault. Dès 1973 au sein du PCF, puis à partir de 1983 à la Municipalité. Il sera maire-adjoint délégué aux sports, puis premier-adjoint de "JR". C'est lui qui aura la lourde charge de "terminer" le mandat de Jacques Rimbault à sa mort, en enfilant l'écharpe jusqu'en 1995.
Pour l'ancien député du Cher, pas facile de lister l'œuvre de son camarade : « L'hôpital, le Palais des Congrès, la Médiathèque, le Musée Estève, l'A 71, qu'il a réussi à faire venir, la restauration de la Halle Saint-Bonnet, la nouvelle aile de la mairie, les rues piétonnes et semi-piétonnes - ce sont pratiquement les mêmes aujourd'hui - évidemment le stade qui porte son nom, la modernisation du Parc Saint-Paul, avec le Parc des expositions et le Muséum. Le Val d'Auron, avec des logements sociaux alors que des logements de standing étaient prévus. La base d'aviron, le centre équestre, la trouée verte, le golf et la résidence golfique, 4 gymnases, 4 écoles, le Hameau de la fraternité, le parc paysager des Gibjoncs...». On a l'impression que Jean-Claude Sandrier pourrait continuer pendant des heures : « Je pense que vous ne pouvez pas faire 100 mètres dans la ville sans tomber sur quelque chose que Jacques Rimbault a réalisé ! ». C'est ce qu'on appelle laisser son empreinte.
Il y a le bilan donc, mais Jean-Claude Sandrier, garde également en mémoire, la méthode Rimbault : « C'était un personnage hors du commun ! Il était toujours très concret, très à l'écoute. Il voulait absolument avoir l'avis des gens. Il disait : "Ce ne sont pas 80 000 habitants que je veux à Bourges, mais 80 000 acteurs ". D'où la naissance des Assises pour Bourges. Chaque année, il venait demander ce que pensaient les gens de leur quartier, de la ville... ». La démocratie participative avant l'heure, sauce années 80 : « À cette époque-là, c'était totalement nouveau ! Il avait de l'avance... C'est ce qui l'a amené à inscrire dans l'entrée de la nouvelle mairie : démocratie, j'écris ton nom ». C'est cette phrase que reprendra le journaliste Jean-Pierre Léonardini pour le titre de sa biographie de Jacques Rimbault, qui sortira en 1998.
On peut comprendre l'homme en trois mots. Français, Berrichon, Communiste, c'est comme ça qu'il se définissait. Un amoureux de sa ville avec le cœur à gauche. Sa première carte au parti, il la prendra en août 1946 à l'âge de 17 ans. Il passera un an à Moscou, avant de rejoindre en 1964 le comité central du PCF. Quel communiste était-il ? « C'était le vrai communiste » tranche Jean-Claude Sandrier. « Celui qui écoute, qui respecte tout le monde, quelle que soit son opinion, sa religion. Il ne faisait pas de différences dans les choses qu'il y avait à faire pour la ville. Il voulait que ce soit en fonction de l'intérêt général. Le communisme de Jacques Rimbault, c'était ça, avec la démocratie au bout ». Jean-Claude Sandrier se souvient d'une anecdote qui l'a marqué : « Une dame dans les quartiers nord qui avait toutes les difficultés possibles. Elle ne pouvait pas payer son loyer, on lui avait coupé l'électricité... lui, il avait fait des pétitions, il montait au créneau auprès du Préfet pour défendre les gens ! Cette dame a dit : "Il nous a appris à relever la tête". Quand on dit ça a un maire... c'est que c'était un grand. »
Jacques Rimbault était également un fervent défenseur de l'union de la gauche, c'est comme ça qu'il a remporté toutes ses élections municipales à Bourges. Sans doute marqué par les échecs des communistes à Vierzon qui avaient vu la mairie leur filer entre les doigts d'un souffle en 1947 et 1953 à la faveur d'une alliance entre la droite et les socialistes de la SFIO, durant les années vierzonnaises de Jacques Rimbault où il travaillait à l'usine de la "Précision Moderne". C'est également une alliance qui a ramené la gauche au pouvoir à Bourges en 2020 après 25 ans de gouvernance du centre-droit. Une élection qui a porté le socialiste Yann Galut dans le siège de maire à l'Hôtel de Ville. Un Hôtel de Ville construit justement par... Jacques Rimbault. La boucle est bouclée.
Pour les 30 ans de la disparition de Jacques Rimbault, la Municipalité rend hommage à son ancien patron dans une exposition visible jusqu'au 9 juin dans le hall de l'Hôtel de Ville.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !