Vous vous souvenez certainement où vous étiez au moment de cette allocution d’Emmanuel Macron. Sans jamais prononcer le mot de confinement, durant 26 minutes le chef de l’État avait présenté l’état sanitaire de la France, égrainé les mesures pour faire face à ce virus inconnu. Et le grand confinement débutait dès le lendemain. Dans le milieu médical on présentait déjà ce qui risquait se passer. "Là où j’ai commencé à être inquiet c’est quand j’ai vu mes collègues italiens m’annoncer ce qui commençait à se passer chez eux. Une des mesures qu’ont dû prendre les Italiens c’est le confinement", affirme Philippe Amouyel professeur de santé publique au CHU de Lille.
Mais pour la majorité des français cela été un choc… Passé un moment de stupeur, Marie-Claire Villeval, économiste comportementale et chercheuse au CNRS, se dit qu’il y a là un gigantesque sujet d’étude. Comment les français vont-ils se comporter durant cette période ? "On avait deux hypopthèses : au départ c’est que l’isolement social allait créer un repli sur soi. Alternativement, l’hyothèse opposée c’était de se dire que tout le monde était dans le même bateau et qu'il y aurait de la solidarité. On a observé que les individualistes sont restés individualistes, les altruistes sont restés altruistes", explique-t-elle.
L’autre enseignement de l’étude c’est la capacité des Français à intégrer les nouvelles normes liées à la crise sanitaire. Des Français plus disciplinés qu’on le croit.
L’une des grandes conséquences du confinement aura aussi été l’essort du télétravail. Le chômage partiel pour 12 millions de français et pour d’autres la découverte du télétravail. Un télétravail improvisé souvent bricolé avec les enfants en plus pour beaucoup dans les pattes avec les écoles fermées. Pas toujours simple au début toujours pas maintenant. "Lors du premier confinement, la principale difficulté du télétravail c’était la gestion des enfants mais avec le temps on se rend compte que c’est la perte de repères, le manque de reconnaissance qui pèse le plus", analyse Christophe Nguyen, psychologue du travail fondateur du cabinet l’Empreinte humaine.
Il n’y avait pas d’autres solutions à ce moment là que le confinement. Pas de vaccins, pas de traitements, très peu de test et une pénurie de masque et de gel hydroalcoolique. Aujourd’hui on a plus de recul sur la maladie et on a beaucoup appris. "On a réussi à identifier ce virus, à le séquencer. On a mis en place des moyens énormes pour mettre au point des vaccins. on a pu faire des progrès fantastiques dans la prise en charge des patients. Maintenant il est vraiment nécéssaire qu’on soit vigilant et qu’on puisse anticiper", assure Philippe Amouyel.
Alors que nous sommes loin encore de la sortie, Christophe Nguyen insiste sur des actions à mener sur la santé mentale. "Les impacts psychosociaux et mentaux vont durer quelques temps encore. Je pense qu’il y a un enjeu sanitaire au sens large", alerte-t-il. Pour lui, on aurait tout intérêt à anticiper ces questions là pour envisager la reprise.
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