La SNCF a désormais trois mois pour faire un audit technique dans les grandes gares françaises. L’entreprise ferroviaire devra faire d’ici fin avril des propositions d’action pour éviter de nouvelles pannes. Voilà ce qui a été décidé lundi 8 janvier dernier dans le bureau d’Elisabeth Borne.
La ministre des Transports a convoqué hier le patron de la SNCF, Guillaume Pépy, et le responsable du réseau Patrick Jeantet pour obtenir des explications après les incidents qui ont semé la zizanie dans les gares parisiennes depuis juillet jusqu'aux fêtes de fin d'année, à Montparnasse tout d'abord, puis à Saint-Lazare.
Bug informatique, panne électrique, afflux inattendu de voyageurs et commandes de billets trop importantes par rapport à la capacité de chargement des trains ont finalement semé une véritable pagaille dans ces gares. Des dysfonctionnements dont les premières victimes sont évidemment les usagers.
Ces derniers ont d'ailleurs des avis très tranchés, comme on peut l'entendre au micro d'Etienne Pépin, de RCF Alpha, qui est allé prendre la température auprès des voyageurs de la gare de Rennes. Pour les usager, ces incidents à répétition, qui plus est en période de forte affluence, finissent par ternir l'image de l'entreprise.
Fin juillet, une panne de signalisation avait paralysé la gare Montparnasse pendant trois jours, en plein chassé-croisé estival. Alors évidemment, quand ces incidents deviennent un peu trop fréquents, on s’intéresse à leurs causes. Pour l’économiste Pascal Perri, auteur de "SNCF, un scandale français" (éd. Eyrolles), il y a d’abord une réalité à prendre en compte : les usagers des réseaux de proximité ont fortement augmenté ces dernières années.
Qui est responsable dans ce cas ? En tant que gestionnaire du réseau, c'est bien évidemment la SNCF qui est responsable des incidents, mais l'entreprise ne fait pourtant qu'appliquer les décisions stratégiques de son unique actionnaire. En l'occurence, il s'agit de l'Etat.
L’audit réclamé lundi par la ministre des Transports a donc pour but de faire des propositions concrètes, pour mieux anticiper les points de fragilité du réseau et revoir les investissements prioritaires. Une décision qui pourrait calmer, du moins temporairement, les esprits les plus échauffés parmi les usagers.
En attendant, la SNCF poursuit sa politique de baisse des charges. Le budget 2017 prévoyait 1 545 suppressions de postes. L’entreprise ferroviaire a dépassé cet objectif puisqu’elle en a supprimé 520 de plus. Une politique qui expliquera en partie les bons résultats de l’entreprise qui devraient être connu officiellement fin février.
Selon les Echos, la marge opérationnelle du groupe atteindrait 2,6 milliards d’euros en 2017, c’est 300 millions de mieux qu’en 2016. Cette bonne nouvelle pour la SNCF le sera sans doute moins pour les usagers et les syndicats. La CGT dénonce notamment de son côté les 2 000 nouvelles suppressions de postes prévues pour 2018.
Pourtant, la direction de la SNCF devrait maintenir ce cap car la fin du monopole de l'entreprise ferroviaire approche. Selon le calendrier européen, la fin du monopole des TER interviendra au plus tard en 2023. Mais certaines régions pourraient se tourner vers la concurrence dès fin 2019. Une loi doit normalement être votée cette année, sur les modalités de ces libéralisations.
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