Il y a 10 jours, la tempête Alex dévastait la vallée de la Roya et de la Vésubie dans les Alpes Maritimes. Un événement qui repose la question de l'aménagement du territoire et de la construction en zone inondable, alors qu’en France, 1 personne sur 4 risque d’être exposée à une inondation. Comment reconstruire et vivre avec ces inondations ?
En France, il existe une cartographie précise des zones inondables. Beaucoup de chercheurs travaillent sur ces questions. Les autorités élaborent aussi des plans de prévention du risque inondation (PPRI). Dans les zones en rouge, il n’est pas possible de construire. C’est un outil essentiel mais il a des failles car il ne permet pas d’agir sur les maisons qui existent déjà. "Il est très difficile de virer les gens qui y sont. C’est extrêmement violent pour eux", explique Laurence Créton-Cazanave, sociologue et docteur en géographie spécialiste des inondations.
Il faut aussi faire attention lorsque l’on achète un bien. Pour une maison située dans une zone qui fait l’objet d’un PPR, le vendeur doit fournir un dossier de diagnostic technique au moment de la vente. Mais il arrive que la loi soit mal appliquée et que les enjeux financiers prennent le dessus.
La réponse à ces événements doit passer par une plus forte décentralisation et solidarité entre l’État et les régions. C’est ce que pense Xavier Guilhou, spécialiste de la prévention des risques et directeur de XAG Conseil: "On a des capacités de réponse mais souvent l’alerte n’est pas prise en compte correctement. C’est un problème de relation entre l’État et le niveau local".
Des chercheurs pensent qu’on ne peut plus vraiment maîtriser les cours d’eau, faute de moyens. Il va donc falloir vivre avec l’eau et les risques qu’elle peut engendrer comme les crues. Cela s’appelle la culture du risque. "Si vous avez conscience du risque, vous êtes peut-être déjà moins vulnérable. La première étape, c’est de comprendre et de s’informer", explique Ludovic Faytre, responsable des études risques et aménagement à l’Institut Paris Région.
Mais être au courant des risques ne suffit pas toujours. Xavier Guilhou estime nécessaire de mettre en place des formations et plus de prévention, en prenant exemple sur les pays étrangers comme les Etats-Unis. En France, "quand on a une tempête centennale, la population ne sait pas ce qu’il faut faire. Il n’y a pas d’éducation en la matière", affirme-t-il.
Dans les Alpes-Maritimes, Emmanuel Macron a promis d’aider à la reconstruction des villages, de façon "durable et résiliente". Il faudra sûrement plusieurs années pour y parvenir.
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