Ce qui se passe au Gabon est très grave. "Nous sommes en train de de vivre des choses d'une atrocité inouïe", témoigne Laurence Ndong. Un mois après les élections le calme semble revenu. Mais personne n'oublie les violences qui ont suivi. Une partie du Parlement incendiée, les locaux du principal opposant Jean Ping saccagés, ses militants menacés et arrêtés... Aujourd'hui l'avenir du Gabon est incertain. Malgré tout, il y a, d'après l'auteur de "Gabon, pourquoi j'accuse" (éd. L'Harmattan), "une unité" et "une solidarité" entre les Gabonais.
Quatre jours après la validation de sa réélection par la Cour constitutionnelle du Gabon, Ali Bongo s'apprête à prêter serment ce mardi 27 septembre pour un deuxième mandat présidentiel. La cérémonie d'investiture a lieu au palais présidentiel de Libreville. "Une mascarade, juge Laurence Ndong, comme Ali Bongo sait très bien les organiser". Des propos sans appel, appuyés sur le bilan de son mandat précédent: "Ali Bongo n'a mis en œuvre que 30% du programme avec lequel il était venu pendant sept ans ; en sept ans, pas une école, pas une université, pas une maternelle, pas une bibliothèque."
Lors de la cérémonie, l'opposition ne sera pas de la partie. Elle dénonce des élections truquées et la mainmise du clan Bongo sur le pays. Du côté des chancelleries étrangères, les représentations se font a minima. Beaucoup ont regretté les conditions du scrutin, les violences et la mise à l'écart des observateurs européens.
"Sous Omar Bongo [président de 1967 à 2009] on se plaignait d'une dictature: on n'imaginait pas que son fils ferait mille fois pire." Laurence Ndong dénonce "des centaines de morts" dont les cadavres sont dissimulés, "on parle de charniers". Difficile d'avoir des chiffres exacts, car les moyens de communication sont bouclés. Laurent Duarte évoque des coupures d'Internet, "une volonté de black out". La pasteur évoque des familles qui cherchent en vain les leurs. "Sous Omar Bongo on n'a pas eu de répression d'une telle envergure."
On constate un important décalage entre les informations officielles et celles données par les informateurs de terrain. "On sait que les violences au Gabon sont extrêmes aujourd'hui et pourtant les images officielles qui circulent donnent une autre réalité", confirme Jean-Christophe Ploquin. Qui rappelle la nécessité "d'une enquête internationale" par des observateurs de l'ONU ou de grandes organisations de défense des droits de l'homme. Or, les demandes de visas de la FIDH ou d'Amnesty International ont été refusées.
La diaspora gabonaise en France et aux Etats-Unis tente de faire pression en recueillant des informations sur les réalités du terrain. Le site Gabon witness tente de recenser le nombre de victimes. La pasteur gabonaise Laurence Ndong garde malgré tout espoir: "On sait que ce n'est pas la volonté de Dieu que le pays soit dans un tel chaos, cela nous aide à nous battre."
D'autres pays d'Afrique subissent le népotisme et la corruption d'hommes politiques au pouvoir. En novembre prochain, la République démocratique du Congo (RDC) va devoir élire un président. L'actuel Joseph Kabila "souhaite prolonger son règne à Kinshasa", prévient Jean-Christophe Ploquin.
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