Le gouvernement peut-il lutter efficacement contre la radicalisation et l’islamisme politique ? Alors que l’opposition fustige l’indécision de l’exécutif, Emmanuel Macron était mardi 18 février dernier dans la banlieue de Mulhouse. Des images, des paroles, pour annoncer des actes, si l’on en croit l’Élysée. "On doit lutter contre le séparatisme, parce que quand la République ne tient pas ses promesses, d’autres essaient de la remplacer" a notamment expliqué le chef de l’État.
"Le terme communautarisme avait quelque chose ambigu. On pensait tout de suite au communautarisme musulman. Il y a d’autres formes de communautarisme. Mais tous les communautarismes ne posent pas les mêmes problèmes. On a une dérive, à partir de l’islam, de la constitution sociétale d’un entre soi qui met à distance les autres" estime Didier Leschi, ancien préfet de Seine-Saint-Denis pour l’égalité des chances, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, président de l’Institut européen des religions, auteur de "Misères de l’Islam de France" (éd. du Cerf). "Séparatisme, cela indique plus un mouvement. C’est ce qui est intéressant dans cette nouvelle notion" ajoute-t-il.
Pour certains spécialistes, l’islam radical de France aurait un agenda. Il bénéficie également d’enclaves en France, qui auraient alimenté le terrorisme. Des propos que tient à relativiser Didier Leschi. "Il y a des microsociétés, c’est indéniable. Je ne crois pas qu’il existe aujourd’hui de quartier en sécession. Je serai sans doute plus nuancé. Mais une certaine conception d’une clôture dogmatique de l’islam est le terreau qui aboutit à une certaine conception de la foi, au suicide, à la mort et non pas à vouloir vivre heureux avec les autres. C’est indéniable, c’est un risque. D’autant plus que c’est une vision de l’islam qui refuse l’altérité, la différence, le rapport aux autres" lance-t-il.
Pour ce spécialiste de l’islam, "l’islam radical tente de faire croire à toute personne d’origine maghrébine que sa situation sociale est ce qu’elle est, et qu’elle peut être dégradée uniquement car il est croyant musulman. Or cela n’a rien à voir. C’est un combat qui est la réflexion d’un combat plus large mené par la radicalité musulmane à travers le monde arabo-musulman qui est de dire que le monde occidental chrétien veut absolument la mort des musulmans, en dehors de toute considération sociale".
Politiquement parlant, il existe selon Didier Leschi, "des formes de clientélisme à droite comme à gauche qui ont favorisé la constitution de groupes de pression à partir de la religion musulmane. C’est d’autant plus vrai qu’il y avait un retard sur le nombre de lieux de culte pour les musulmans. Cela a pu être un argument électoral. Cela a été vrai à droite comme à gauche. Plusieurs livres ont été écrits. Plusieurs études existent. On connait tout cela. Il faut sensibiliser une partie des élus".
"L’Etat peut faire des choses, mais il y a une limite : la liberté des cultes. L’Etat ne peut pas être à la place des musulmans de France pour organiser une formation théologique. Il faut un sursaut des responsables musulmans. La faiblesse des pouvoirs politiques depuis des années, c’est la faiblesse de leurs interlocuteurs qui n’ont pas toujours eu conscience de leurs responsabilités" conclut-il.
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