Jean-François Serres siège au CESE. Il est également le président de Monalisa, la Mobilisation nationale contre l’isolement des âgés. Un organisme qui rassemble tous ceux qui font cause commune contre l’isolement des personnes âgées. Un partenariat inédit entre les acteurs de la société civile et la puissance publique.
Avec le confinement face au coronavirus, le mot d’ordre c’est : restez chez vous. "C’est indispensable. Nous sommes dans un temps de résistance, qui face à l’épidémie, oblige au confinement et à la distanciation sociale. C’est terrible. Pour ceux qui disposent de relations sociales riches, cette période ne sera pas trop dommageable. Mais pour ceux qui souffrent déjà de l’isolement, qui sont déjà des invisibles, la période sera extrêmement dangereuse. C’est très préoccupant, notamment pour les personnes âgées" explique Jean-François Serres.
"Les personnes très âgées, quand elles sont seules, elles sont informées par la télévision. Mais on voit bien à quel point la période est anxiogène. Ce sont les premières en danger. Elles ne seront sans doute pas prioritaires dans la prise en charge du système de soins. Le besoin de pouvoir parler de ça avec quelqu’un, d’avoir un dialogue qui permette de poser ces inquiétudes et d’avoir quelqu’un sur qui compter est vraiment vital" ajoute-t-il.
Chez Monalisa, on préconise donc plusieurs conseils. "Le temps est au respect des consignes. Tous les bénévoles qui agissent dans les associations ont pour consigne de transformer les relations qu’elles ont déjà avec les personnes en relation immatérielles, par téléphone, par courrier, par mail, par visioconférence. Il faut se remettre à écrire des courriers. Les relations épistolaires sont des choses que les personnes âgées apprécient aussi. Il faut arriver à se mettre en mouvement pour créer des contacts avec ces personnes" lance le président de Monalisa.
De quoi réaliser que le coronavirus, bien que défi sanitaire et défi économique, est aussi un défi social. "On ne sortira pas de cette période sans un questionnement profond sur les équilibres de notre société. Cela nous invite à un travail de transformation sociale qui est indispensable. Chez Monalisa, nous soutenons les dynamiques qui permettent que chacun construise une société de la bienveillance, afin que chacun puisse trouver un tissu protecteur. Or cela, c’est très déchiré dans notre pays. Cela fait quelques temps que nous alertons là-dessus. Cette période de crise met en évidence cela" déplore-t-il.
Pour résoudre cette crise de l’isolement social, il n’est pas forcément question de moyen financier, mais d’envie, pour Jean-François Serres. "Je crois principalement que c’est une question de volonté politique. Les moyens financiers sur une telle politique, c’est vraiment l’épaisseur du trait de crayon dans le budget de l’Etat" conclut-il, exprimant une fois encore son inquiétude pour les personnes "les plus vulnérables que l’on n’arrivera pas à repérer".
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