Le 25e James Bond offre à Daniel Craig l’occasion d’enfiler une dernière fois le costume de 007. Avant de laisser place à une nouvelle interprétation.
C’est un générique cultissime, qui revient, ce mercredi 6 octobre, au cinéma : le dernier James Bond arrive enfin sur grand écran, après 18 mois d’attente à cause du Covid-19. Dans ce contexte de crise sanitaire, les exploitants de salles de cinéma comptent beaucoup sur ce film pour sauver l’année. Mais James Bond peut-il réellement tout sauver ? D’ailleurs, qui est-il vraiment ? Qui se cache derrière ce chiffre : 007 ? Il faut d’abord rappeler que c’est un personnage inventé par Ian Fleming, un écrivain anglais, issu d’une famille de riches banquiers, et qui a notamment été journaliste puis officier dans les services de renseignement de la marine britannique. Il s’est donc inspiré de sa propre vie pour écrire, dès 1952, un premier roman intitulé Casino Royale. Puis dix ans plus tard, son 6e ouvrage, James Bond contre docteur No, va être adapté au cinéma, avec Sean Connery dans le rôle principal.
Il faut donc prendre en compte ces différents supports pour bien cerner le personnage, d’après Guillaume Evin : "Le personnage des romans est assez méconnu, mais c’est un personnage sombre, tourmenté, vulnérable, remarque l’auteur de plusieurs livres sur James Bond, et notamment de Répliques cultes de la saga Bond (éditions Casa). Cela en fait un personnage très humain, mais cette facette a été gommée sur grand écran. Lorsqu’on a adapté la saga, on l’a délestée de ses aspérités pour rendre Bond plus lisse et pour qu’il soit adopté par le grand public."
James Bond, c’est aussi un homme blanc, qui aime bien la gastronomie, les beaux costumes, l’alcool, les voitures et surtout, les femmes. Bref, un personnage un peu anachronique, mais qui n’a pas empêché la franchise d’évoluer avec son temps. "Si l’ADN de James Bond ne varie pas vraiment, on peut, en revanche, voir le décalage par rapport au monde qui l’entoure qui lui évolue, note Laurent Perriot, l’un des fondateurs du fan-club français de James Bond et coauteur, avec Guillaume Evin, de Bons baisers du monde (éditions Dunod). James Bond a su se renouveler en ayant un nouvel interprète environ tous les dix ans. Chaque interprète a gardé cet ADN, en modifiant légèrement les curseurs du personnage."
Daniel Craig, par exemple, "explore les traumatismes du passé, toute la psyché et la dimension sentimentale qui faisait cruellement défaut aux prédécesseurs", analyse Guillaume Evin. Avec ce 6e interprète – premier blond à incarner James Bond –, les femmes ont aussi, progressivement, pris une place de plus en plus importante. "C’était déjà le cas avec Pierce Brosnan et son chef, M, qui devient une femme, souligne Vincent Chenille, historien des représentations et chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines à l’Université de Versailles Saint-Quentin. Mais dans la période de Daniel Craig, on voit des personnages féminins plus actifs : par exemple, Miss Moneypenny n’est plus une secrétaire derrière son bureau, elle tire au fusil. Les 'Bond girls' prennent davantage d’initiatives. Et puis, avec Daniel Craig, il n’y a pas de méchante."
L’acteur a donc su apporter sa patte au personnage, notamment dans le dernier opus, Mourir peut attendre. Mais il va désormais falloir lui trouver un remplaçant. "Soit on revient à des films unitaires, comme on avait dans les années 1960, anticipe Guillaume Evin. Ou bien, puisque le modèle de la série est désormais dominant dans la production audiovisuelle, on bascule sur un nouveau cycle de trois ou quatre films avec un acteur susceptible de durer." En tout cas, l’identité du prochain interprète de James Bond pourrait être dévoilé l’an prochain, pour les 60 ans de la franchise. En attendant, le surprenant Mourir peut attendre est à voir au cinéma.
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