L’Eglise catholique en France n’a pas tardé à faire part de sa déception. Dans un communiqué publié jeudi 26 novembre, la Conférence des Evêques de France regrette que cette limite de 30 personnes ait été maintenue par le Premier ministre. 'C’est une mesure irréaliste et inapplicable' peut-on notamment lire.
L’Eglise catholique pensait pourtant avoir été entendue après l’appel du président de la CEF, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, au président de la République, peu de temps après son allocution télévisée du mardi 24 novembre dernier, où le chef de l’Etat avait présenté son plan de déconfinement en trois étapes. A l’issue de cet échange téléphonique, Mgr de Moulins-Beaufort avait déclaré que l’exécutif reviendrait dans les jours qui suivent sur cette jauge de 30 personnes. Un vœu pieux.
'Je suis vraiment déçu et pas très content. Les discussions que nous avons eu n’ont servi à rien. On sent depuis plusieurs semaines une incompréhension. La dimension religieuse de l’être humain n’est pas prise en compte. Samedi et dimanche, tout le monde peut aller faire des courses. Mais en revanche on ne peut pas aller à la messe, au culte ou à la synagogue. Ce qui est tout de même paradoxal' a réagi Mgr de Moulins-Beaufort sur RCF.
Les évêques s’interrogent donc sur les véritables critères utilisés par le gouvernement pour fixer les conditions de ce confinement. 'Traiter ainsi les religions c’est considérer comme accessoire la foi de millions de croyants. L’Eglise estime que c’est une grave erreur pour notre société toute entière' ajoute à ce propos le communiqué. La Conférence des Evêques de France réclame une véritable concertation, plus efficace, pour aboutir à un accord.
L’Eglise annonce au passage qu’elle se réserve la possibilité d’utiliser les moyens de droit appropriés. Du côté de la Fédération protestante de France, on veut privilégier la voie du dialogue même si ce nouvel épisode a montré les limites de ce que le gouvernement a appelé concertation. Son président, François Clavairoly, s’interroge sur la capacité du gouvernement à comprendre les questions pratiques auxquelles sont confrontés les pasteurs et les prêtres pour organiser les cultes et les messes. Selon lui, le gouvernement manque de pragmatisme, et gère ce sujet de manière théorique. 'C’est comme si aucune des personnes qui gèrent ce sujet n’avait jamais été dans une mosquée, dans une église, dans une synagogue ou dans un temple protestant' conclut-il sur RCF.
Jusqu'à présent, seuls certains catholiques s'étaient ouvertement opposé à la gestion des cultes par le gouvernement durant le confinement, via notamment l'initiative 'Pour la messe' et "rendez-nous la messe". Cette fois-ci, la part de fidèles blessés par cette gestion semble avoir augmenté. Sur les réseaus sociaux, de nombreux croyants, mais également des évêques, plutôt discrets jusqu'alors, ont fait part de leur colère contre une mesure qu'ils jugent injuste.
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