Du Brexit à l’élection de Donald Trump, en passant par la montée des mouvements anti-vaccins, et maintenant par la pandémie du Covid-19, les fake news se sont invités progressivement dans nos vies au point aujourd’hui d’en devenir des informations presque banales. Comment mener la lutte et organiser la riposte ? Fabrice Fries, président directeur général de l’Agence France Presse (AFP), livre quelques solutions dans son ouvrage "L'emprise du faux" publié aux éditions de l'Observatoire.
L’AFP est une des trois grandes agences mondiales d’information. "Notre métier c’est de collecter, de produire, de diffuser les faits de façon factuelle sept jours sur sept et 24 heures sur 24 partout dans le monde en six langues. Nous avons 1700 journalistes dans 200 bureaux et nous sommes très présents dans tous les points chauds de la planète", explique Fabrice Fries.
L’agence de presse fait office de modèle pour tous les médias français. De fait, elle doit être quasi irréprochable, même s’il est déjà arrivée que ses journalistes fassent des erreurs. "On préfère toujours perdre la primauté d’un scoop mais donner une information fiable et vérifiée. Il faut faire très attention à cela", affirme Fabrice Fries, précisant que l’AFP produit chaque jour 5000 dépêches, des articles factuels.
Le rôle de l’AFP est d’autant plus important face aux fausses informations grandissantes. L’année 2020 a été "un cru exceptionnel" en matière de désinformation. "D’habitude, le problème des gouvernements quand ils sont face à une épidémie c’est le manque d’informations. Là pour la première fois ça a été le trop plein d’informations", déplore le PDG de l’AFP. L’agence a publié pas moins de 2500 vérifications des faits sur l’épidémie. En parallèle, il y a eu l’élection présidentielle américaine qui a été "le fruit d’une campagne de désinformation massive", selon Fabrice Fries.
Plusieurs facteurs peuvent permettre d’endiguer le phénomène. Il faut déjà assécher le financement des sites qui diffusent les fausses informations, estime le PDG de l’AFP. "La publicité standard atterrit sur des sites de désinformation. Il y a des sites assez prospères", explique-t-il. Toutes ces réalités font porter le risque que "l’information de qualité devienne un produit de luxe". "On n’y est pas encore mais c’est malheureusement une perspective qui devient crédible. Il faut corriger ces déséquilibres", ajoute Fabrice Fries.
Aussi, il faut passer par une régulation des plateformes comme Facebook et Twitter. "Aujourd’hui, les algorithmes nous poussent vers ce qui est émotionnel, choquant, surprenant. [...] On a accepté qu’elles soient totalement libres, maintenant c’est aux plateformes de remettre de l’ordre pour ne plus nous faire subir ce qu’elles nous ont fait subir", conclut-il.
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