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Jean-Claude Mailly: "Il y a une adaptation nécessaire du syndicalisme"

Un article rédigé par Simon Marty - RCF,  - Modifié le 11 mai 2021
L'Invité de la MatinaleJean-Claude Mailly: "Il y a une adaptation nécessaire du syndicalisme"
L'ancien secrétaire général de Force ouvrière revient sur les enjeux qui pèsent sur l'emploi et le syndicalisme en France. Il publie "Manifs et chuchotements" aux éditions Flammarion.
Photo Astrid di Crollalanza © FlammarionPhoto Astrid di Crollalanza © Flammarion

En pleine pandémie de Covid-19, où en est le dialogue social ? Quelles conséquences a eu la crise sur notre rapport au travail, alors que nous sommes nombreux à travailler depuis notre domicile ? Autant de questions posées à Jean-Claude Mailly. Ancien secrétaire général du syndicat Force Ouvrière, de 2004 à 2018, il publie un ouvrage intitulé "Manifs et chuchotements" aux éditions Flammarion.

Des inquiétudes sur le plan économique

Si la crise sanitaire a considérablement modifié notre rapport au travail, elle "n’étouffe pas le dialogue social au niveau du terrain où les syndicats sont au charbon à négocier le télétravail", estime Jean-Claude Mailly. "Je pense que le télétravail va continuer mais à un rythme moins soutenu", se réjouit l’ancien secrétaire général de Force ouvrière, selon qui le distanciel affecte la créativité des employés. 

Pas de quoi être entièrement rassuré pour autant, notamment sur le plan économique. "Le gouvernement dans le programme qu’il a transmis à Bruxelles s'engage à revenir sous les 3 % de déficit budgétaire à l'horizon 2027. Mais il se félicite de l’assurance chômage or c’est une réforme qui vise à faire des économies sur le dos des chômeurs", déplore le syndicaliste. "Ce qui est bien c’est que le gouvernement dise qu’on prendra le temps de rembourser la dette Covid, mais le fait qu’il veuille faire des économies pour rembourser la dette, c’est inquiétant", poursuit-il. Selon lui, il faut revoir les critères économiques et les traités de l’Union européenne.

L'enjeu du syndicalisme chez les jeunes

La crise sanitaire et économique a particulièrement touché la jeunesse. Certains jeunes ont potentiellement pu souffrir d’un manque de présence syndicale dans leurs entreprises. "Il y a aussi du côté syndical des déserts syndicaux dans les petites entreprises, dans les entreprises de la tech. Il y a une adaptation nécessaire du syndicalisme", explique-t-il. "La jeunesse n’est pas plus égoïste qu’avant [...] et une confédération syndicale en France ou à l’étranger c’est un paquebot et ça ne se manœuvre pas facilement", lâche-t-il.

Et face à cet enjeu, les réseaux sociaux ne sont pas nécessairement la solution. "Quand vous êtes sur un réseau social, vous êtes en contact avec des gens qui pensent la même chose que vous. Certes les 'gilets jaunes' ont montré qu’on pouvait mobiliser sur les réseaux sociaux mais ça ne remplace pas une action syndicale", estime Jean-Claude Mailly. "Au-delà de savoir si on est d’accord ou pas, est-ce que vous comprenez le raisonnement d’un interlocuteur et est-ce qu’on arrive à créer une relation de confiance et de respect ?", explique-t-il. 

Syndicaliste depuis 40 ans, Jean-Claude Mailly a vu passer plusieurs présidents. Des rencontres qu'il raconte dans son livre. Selon lui, "Emmanuel Macron n’a pas une vraie culture sociale, un manque d’expérience et dès le départ il considérait que les syndicats étaient un frein à ses réformes”, se souvient-il. Toutefois, son expérience fait qu’il a pu “rencontrer des hommes dits de droite qui étaient plus respectueux du dialogue social que ceux de gauche", conclut-il.

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