Pour Jean-François Serres, être seul en 2018 "c'est n'avoir personne sur qui compter, ne compter pour personne et personne ne compte sur vous, avoir le sentiment de ne pas avoir sa place dans sa société et se sentir de trop". Plus de 5,5 millions de Français sont dans cette situation de solitude, cette situation s’intensifie "et qui est un signe extrêmement préoccupant de l’évolution de notre société moderne".
La solitude est un problème politique car "la politique porte sur comment on vit ensemble et quel est notre projet commun". Et il ajoute : "quand une personne souffre de la solitude c'est le signe que toutes nos relations sont à remettre en question, la façon dont la société construit des attachements et des engagements". "Une politique de fraternité doit être prise au sérieux, elle peut être concrète, elle concerne les gens en vrai, c’est une question d’existence".
Pour Jean-François Serres, on souffre plus de la solitude aujourd’hui qu’il y a quarante ans, "la mise en risque de nos liens sociaux souffre de grandes évolutions de nos sociétés, avec l’individualisation des modes de vie, la mobilité, l’évolution des territoires…".
Concernant la crise des Gilets jaunes, Jean-François Serres y voit l’occasion d'aller à la rencontre de l'autre avec les témoignages de fraternité, des relations qui se construisent sur les ronds-points. "Dans la très grande proximité, l'engagement entre les citoyens est très important pour lutter contre l'isolement social".
Monalisa est une initiative créée en 2014 regroupant plusieurs centaines d’associations pour lutter contre la solitude des personnes âgées. Aujourd’hui plus de "450 signataires" sont engagés dans une démarche de mobilisation contre la solitude. "On ouvre la table aux acteurs du territoire" quels qu’ils soient, "toutes les organisations qui le souhaitaient peuvent venir pour apporter un petit bout de la solution".
En septembre 2018 Jean-François Serres a publié une tribune pour demander une politique plus ambitieuse afin de lutter contre l’isolement social, et quelques jours plus tard le président présentait sa stratégie de lutte contre la pauvreté. Jean-François Serres la trouve "extrêmement intéressante mais incomplète, avec une prise en charge insuffisante de la vieillesse et de l'isolement social".
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