Jean-Michel Blanquer veut changer le regard que l’on porte sur la filière professionnelle. Cette voie choisie par 700 000 élèves chaque année a une image écornée, l’image d’une voie de garage réservée aux mauvais élèves. Le ministre de l'Éducation nationale entend donc par sa réforme mettre sur un pied d’égalité toutes les voies qu’elles soient générales, technologiques ou professionnelles. Il s’en était expliqué devant les députés lors des questions au gouvernement en février dernier.
Le ministre de l’Education veut revaloriser la filière mais aussi la rendre plus performante. Aujourd'hui, un lycéen professionnel sur dix sort sans qualification. La moitié des titulaires d’un CAP et 34% des bacheliers professionnels sont au chômage sept mois après l’obtention de leur diplôme. Pour dessiner les contours de cette réforme, le ministre de l’Education nationale s’est largement inspiré du rapport de la députée La République en Marche ,Céline Calvez, et du chef étoilé Régis Marcon.
Ce rapport s’appuie sur trois leviers. Il s’agit tout d’abord de renforcer la création de véritables campus professionnels, des “Harvard du pro” en quelque sorte, conçus avec les régions. Il en existe actuellement 78, répartis sur tout le territoire. Illustration en Gironde avec le lycée professionnel de Camblanes-et-Meynac.
Parmi les filières proposées, une formation au bac pro et un BTS aéronautique. L’établissement est situé sur le site de l'aérocampus Aquitaine aux portes de Bordeaux. Les jeunes qui ont l'ambition de devenir mécanicien ou technicien sur des avions, des hélicoptères, voire même des fusées. Un modèle qui fonctionne comme en témoigne Stéphane Perrin le proviseur de l’établissement. Une filière aéronautique qui n’est pas franchement une voie de garage puisque 40 % des élèves trouvent un emploi en sortant. Les autres choisissent de poursuivre leurs études en BTS ou en mention complémentaire.
Le deuxième axe de la réforme, c’est la remise à plat de la carte des formations. L’idée est à la fois de mieux prendre en compte les métiers de demain et de réduire les effectifs d’élèves dans les filières où il y a peu de débouchés. C’est le cas par exemple des 75 000 élèves qui ont choisi le bac pro gestion administration et qui ont du mal à intégrer le marché de l’emploi.
Jean-Michel Blanquer entend aussi rendre plus lisible la liste des 80 bacs pro et les regrouper en famille de métier. Et puis c’est aussi l’un des marqueurs de cette réforme : la classe de seconde restera une seconde professionnelle mais la formation sera moins spécialisée. L’élève devra justement suivre une formation par famille de métier avant de se spécialiser en 1ère.
Précisons qu’en arrivant en seconde, les élèves passeront un test de positionnement, une sorte de bilan de compétences qui permettra d’affiner l’orientation dans une famille de métier. Sigrid Girardin, du SNUEP FSU, le Syndicat National Unitaire de l'Enseignement Professionnel, craint cependant que la réforme ampute une année de formation aux élèves.
A noter enfin que la classe de terminale proposera deux modules : un pour les élèves visant l’insertion professionnelle après le bac, l’autre pour ceux qui souhaitent poursuivre leurs études. 2 000 places seront ouvertes à la rentrée prochaine en classe passerelle, un sas entre la terminale et le BTS, pour mieux préparer les jeunes aux études supérieures.
Cette réforme doit compléter celle de l'apprentissage, présentée en février dernier par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui a voulu redorer l'image ce qu'elle considère comme une voie royale" de l'insertion professionnelle.
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