C’est dans ce contexte qu’est sorti mercredi 16 mai dernier le rapport annuel de l’association SOS Homophobie qui fait état d’une hausse de 4,8 % des actes homophobes et transphobes en 2017, en France. Un constat qui illustre encore bien "la peur de l’autre, quand il est différent. La peur de celui qui semble éloigné de nous par sa manière de vivre sa sexualité. Cette peur engendre des paroles et des actes irrespectueux. Et elle peut prendre des formes très violentes. On voit depuis quelques années, en France, des actes et des paroles de plus en plus violentes en direction de celles et ceux qui ne sont pas semble-t-il comme nous", comme l’explique Jean-Michel Dunand, fondateur de la Communion Béthanie, communion d’alliance contemplative œcuménique au service des personnes homosensibles et transgenres, en lien avec des monastères.
Cette peur se situe à plusieurs niveaux, selon ce dernier. "L’autre nous fait peur car il nous interroge profondément sur nous-mêmes. Il nous invite au déplacement. Cette peur de l’autre s’enracine profondément" ajoute Jean-Michel Dunand. Mais cette peur est également vécue par les personnes homosexuelles. "La honte empêche la parole. On est comme tétanisé" précise-t-il.
Face à cela, plusieurs organisations et associations se mobilisent pour offrir un espace de liberté aux personnes homosexuelles. Y compris dans l’Église. "Le but premier de la Communion Béthanie est d’offrir un espace de retraite, d’intériorité, de prière, de rencontre avec Jésus. C’est de permettre à chaque personne de retrouver ce lien profond avec le Christ. C’est aussi d’offrir cette fraternité où ce qui nous définit, ce n’est pas le déballage de notre vie privée et intime, mais pour avoir cette délicatesse relationnelle qui nous permet de dire ce qui veut dire" lance Jean-Michel Dunand.
Malgré les résultats de l’étude de SOS Homophobie, on constate tout de même une approche positive de la société à l’endroit des personnes homosexuelles. Un constat que partage Jean-Michel Dunand, qui nuance. "Cela dépend où. J’étais il y a quelques jours avec les jeunes du Refuge à Montpellier. Il existe encore beaucoup d’exclusion dans les familles, et ces jeunes en témoignent. Il y a quand même, tout doucement, de vrais pas d’accueil et d’estime de ce que les personnes vivent. Cela passe par la loi, et par l’éducation" lance-t-il.
Interrogé sur l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, Jean-Michel Dunand refuse de répondre. "Depuis le mariage pour tous, la ligne de la Communion Béthanie c’est le silence et la prière. Nous restons dans la prière. Nous essayons de donner notre note juste, et juste notre note. Nous ne jouons pas toutes les partitions. Nous n’entrons pas dans ce débat-là. Nous essayons d’être au plus près de ce que vivent les gens. Ce que je souhaite, c’est que le débat soit profond, serein, constructif pour chacun" précise-t-il.
Aujourd’hui, l’Eglise semble prendre conscience de l’importance de l’accueil des personnes homosexuelles en son sein. "Les choses bougent au niveau des communautés. Il ne se passe pas un mois sans que je rencontre un évêque ou d’autres responsables de communautés. Nous avons des personnes très pastorales, très intelligentes" conclut Jean-Michel Dunand.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !