"Je me suis vidé une bouteille d’alcool à bruler sur le torse car je pensais que j’allais mourir très vite, étouffé. Pour moi, le feu ne pouvait pas être pire que ce que je pouvais vivre tous les jours à l’école" explique Jonathan. A l'image de ce garçon, environ 700.000 élèves se disent victimes de harcèlement. Un véritable problème de société qui fait aujourd'hui l'objet d'une journée nationale.
Menaces de mort, insultes, racket, humiliation, coups, mise à l'écart : des milliers d'enfants vivent chaque jour, au quotidien, un véritable calvaire en silence. Du harcèlement scolaire, Jonathan Destin a tout connu. Avant de craquer, et de tenter de mettre fin à ses jours en s'immolant par le feu. Aujourd'hui, petit à petit, malgré les séquelles physiques, il se reconstruit.
"Je me bats aujourd’hui pour les autres, contre le harcèlement. C’est quelque chose qui me tient à cœur. C’est comme ça que j’avance. J’ai gagné aujourd’hui. Je me sens plus fort" ajoute-t-il. Un témoignage recueilli par Elise Le Mer, de RCF Nord de France. Jonathan raconte son histoire dans un livre "Condamné à me tuer" (Xo éditions). Un téléfilm racontant son parcours, “Le jour où j'ai brûlé mon cœur" a été diffusé lundi dernier sur TF1.
Face à ce genre de cas, le gouvernement a mis en place, depuis quelques années, un certain nombre de mesures pour lutter contre le harcèlement scolaire : un numéro vert le 3020, des référents académiques. Des mesures qui vont dans le bon sens mais qui ne sont pas suffisantes pour de nombreux enseignants qui réclament plus de formations. C'est l'avis de Catherine Verdier, psychologue et vice-présidente de l’association "Marion la Main Tendue", qui lutte contre le harcèlement scolaire. Selon le dernier rapport de l'Unesco, un enfant sur trois dans le monde, se dit victime de harcèlement.
Il y a la formation des équipes pédagogiques, la formation des enfants afin de leur apprendre à sortir du silence, et la formation des familles, des parents afin d'être capable de détecter certains comportements qui doivent les conduire à se poser des questions. C'est ce que précise la psychologue Catherine Verdier.
A l'occasion de cette journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, l'Unicef s'est intéressé aux inégalités entre filles et garçons. Pour l'Unicef France, les inégalités peuvent entraîner le harcèlement. L’association est donc allée interroger plus de 26.000 enfants et adolescents, âgés de 6 à 18 ans sur leurs représentations des relations entre les filles et les garçons et sur la perception des droits tels qu’ils sont vécus selon que l’on est une fille ou un garçon. Il en ressort que le lieu de vie est déterminant. Les filles sont très nombreuses à considérer qu'elles ont moins de droits que les garçons. Analyse de ces résultats avec le sociologue Serge Paugam, qui a travaillé sur cette étude.
Point positif, cette enquête montre également que les filles réussissent mieux à l'école que les garçons et qu'elles s'en sortent mieux par la suite. En cas de harcèlement scolaire, il existe un numéro pour signaler : le 3020.
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