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Jour de la ruche

RCF,  - Modifié le 9 avril 2018
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Savez-vous comment on appelait le 9 avril sous la Révolution française ? Vous me diriez le 20 germinal que vous n’auriez pas tort. Mais c'était aussi, officiellement, le jour de la ruche. Alors j’ai choisi de vous parler de miel. Hmmmm… c’est bon, le miel ! J’entends d’ici certains auditeurs s’en remettre une couche sur leur tartine ! Eh bien, vous n’êtes pas les seuls à apprécier ce nectar. Les Français en consomment 40 000 tonnes par an, ce qui fait 600 grammes par personne. Cette consommation progresse légèrement, mais la production française, elle, est en chute libre : elle a été divisée par trois en vingt ans ! Résultat, nous importons aujourd’hui les trois quarts du miel que nous consommons. Ce qui soulève au moins deux questions : D’où vient ce miel ? Et surtout, pourquoi notre production diminue-t-elle si vite ?

Il est en apparence assez facile de répondre à la première, la moitié du miel que nous importons provient de trois pays : l’Espagne, l’Ukraine et la Chine, suivis par l’Argentine, la Hongrie, et l’Italie. Mais si vous regardez l’étiquette sur votre pot de miel, vous y lirez peut-être : mélange UE / non UE. Autrement dit, votre miel vient en partie d’Europe, en partie du reste du monde… Vous voilà bien avancés ! Au nom de l’information du consommateur, on fait difficilement plus absurde ! Mais l’enjeu est plus sérieux qu’il n’y paraît. Car une part croissante du miel importé, notamment d’Asie, est frelaté : mélangé avec des sirops sucrés à base de riz, de betterave ou de maïs[1]. Des députés se sont donc emparés de cet enjeu de traçabilité et, réjouissons-nous, si leur vote est confirmé[2], nous saurons bientôt de quel(s) pays provient le miel que nous mangeons !

Mais la question la plus sérieuse demeure : pourquoi en produit-on de moins en moins ? La réponse est simple : c’est parce qu’il y a de moins en moins d’abeilles, et donc de moins en moins d’apiculteurs (15 000 de moins en dix ans). Les raisons sont connues : il y a le frelon asiatique, les virus, le changement climatique, mais aussi et surtout le recours massif aux pesticides – la France est n° 3 mondial en la matière. Et notamment l’usage des néonicotinoïdes. Et ici, on n’est pas encore au bout de nos peines. Sur le papier, avec la loi biodiversité de 2016, la France en a interdit l’usage à partir du 1er septembre prochain. Mais le diable est dans les détails : l’usage en est interdit… sauf dérogations.

Des dérogations que la FNSEA réclame à cor et à cris. Le gouvernement cèdera—t-il à ces pressions, comme il s’apprêterait à le faire pour le glyphosate[3] ? En tout cas, le contraste est saisissant entre la gravité des constats posés par les scientifiques, comme par la mission parlementaire sur les pesticides qui a rendu son rapport jeudi dernier[4], et la mollesse des enseignements tirés en matière de politiques publiques. Ladite mission parlementaire se contente de préconiser de nouvelles études… En ce jour de la ruche, alors que le merveilleux travail des abeilles est en péril dans notre pays, on se permettra simplement ici de rappeler à nos élus cet avertissement du pape François : « Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la préservation de l’environnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement »[5].

[1] http://abonnes.lemonde.fr/biodiversite/article/2017/10/20/de-plus-en-plus-de-miels-frelates-dans-les-importations_5203667_1652692.html
[2] Adopté en première lecture fin mars à la Commission développement durable de l’Assemblée nationale, le texte doit être soumis au vote en plénière en mai prochain.
[3] « Fin 2017, Emmanuel Macron avait annoncé que la France sortirait du glyphosate en trois ans, mais l’annonce avait été tempérée par Nicolas Hulot, [qui] a laissé entendre, en février, que des dérogations pourraient être octroyées. ». Cf. http://www.lemonde.fr/planete/article/2018/04/06/discorde-autour-du-rapport-de-la-mission-d-information-sur-les-pesticides_5281364_3244.html#BPP2Wp8tF2x13vU7.99
[4] http://www.assemblee-nationale.fr/15/rap-info/i0852.asp
[5] Cf. Laudato Si, §194 : http://www.doctrine-sociale-catholique.fr/7567-laudato-si#p194

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