Il y a quelques minutes ou quelques heures, vous avez écouté la messe en wallon : la messe du "lundi dès Walonîyes", comme on aime le dire ici à Namur. Avec le CCW, nous avons voulu rendre hommage aux personnes qui ont œuvré au temps du Coronavirus, autant que d'être en communion avec les malades et les morts de cette crise sanitaire.
Alors je ne pouvais passer à côté de tout ce que nous avons vécu des mois durant, sans parler de Maggy De Block. Autant faire rire un peu sur ce que nous avons découvert lors de cette pandémie : il y a ici en Belgique neuf ministres de la santé. Et malgré cela, il vaut mieux ne pas tomber malade ! Parlant de notre ministre de la santé, j'ai oser dire qu'elle a chuté de bien haut, elle que l'on présentait, il n'y a pas encore longtemps, comme une future première ministre. Et je l'ai dit avec un spot wallon : "C'est toujours les plus belles pommes qui tombent dans les flattes !".
D'où provient une telle formule ? Comme notre vieux langage wallon a toujours été un langage parlé jusqu'à la fin du 19ème siècle, les gens trouvaient des idées dans ce qu'ils observaient autour d'eux. C'est ainsi que bien des spots wallons parlent de la vie à la ferme, avec ses bêtes et ses outils.
Vous souvenez-vous ? Les arbres à fruits étaient plantés dans une prairie où paissaient les vaches. Chaque fois qu'il faisait chaud ou qu'il pleuvait, les vaches se rassemblaient sous un arbre. Pas étonnant qu'il y avait là bien des flattes. Celui qui venait cueillir les pommes en trouvait souvent de belles tombées dans une flatte. Cette observation lui a donné l'idée de cette formule humoristique : "C'est toujours les plus belles pommes qui chutent dans les flattes !" Il n'y a pas d'explication à donner. Vous avez de suite compris. Et pour revenir à notre Maggy, oui, il y a peu d'années, elle était vue comme la ministre des ministres, quand elle renvoyait nombre de réfugiés dans leur pays. Mais depuis le mois de mars, et la crise sanitaire que nous traversons, elle-même parle qu'elle ne sera plus ministre dans un futur gouvernement. Cela veut tout dire ! Elle a chuté de haut. Comme les pommes au mois de septembre.
Dans le même ordre d'idée, un autre spot, puisé dans le Lexique namurois de Lucien Léonard. Il reprend les 'toûrnûres" de Bioul et environs. Parlant du mariage, il y en a un qui dit : "Le mariage, c'est un tombereau de misère, tiré par deux bêtes". L'image nous parle qu'à la ferme, on chargeait le fumier sur des tombereaux pour le mener à la campagne. Ces charrettes étaient tirées par deux chevaux. Bien sûr, à première écoute, ce qui est dit là nous fait sourire. Mais la formule contient quelque chose de vrai. Il arrive souvent que le mariage, ce n'est pas tous les jours des baisers. Que des nuages gris viennent troubler une vie paisible. Tout ne va pas toujours comme on le rêvait.
Je reviendrai un jour sur un beau livre de Chantal Denis : une exceptionnelle professeure de wallon pour aider à découvrir la langue. Son livre s'appelle "Bèrwètéyes di spots, r'vazîs, toûrnûres èt ratoûrnûres". Il rassemble un grand nombre de ces dictons du pays de Namur. Ainsi aimaient parler nos ancêtres. Découvrir ces spots et ratoûrnûres et mieux les comprendre, nous fera goûter à la richesse de notre vielle langue.
Encore une fois, bon lundi des fêtes de Wallonie à tous ! Et jusqu'à la prochaine fois !
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