- "Attention préavis drone dans le 190 par là ! "
- "Okay Visuels !"
- "Cerbère, visuel, un drone dans le 200 de notre position."
- "Autorisé à brouiller."
Non, ce matin-là, un drone n'a pas fait une irruption impromptue au milieu des avions de la base aérienne 702. Il s'agit simplement d'une démonstration orchestrée par les militaires de la lutte anti-drone pour montrer le fonctionnement de leur unité à la presse locale, venue nombreuse pour découvrir cet aspect peu connu mais essentiel de l'activité de l'escadre sol-air de défense aérienne d'Avord.
C'est un fait : les drones se démocratisent de plus en plus, et deviennent accessibles à (presque) tout le monde. Peut-être même en avez-vous un chez vous, pour filmer de jolis plans en hauteur ou pour prendre de belles photos ? Certains peuvent néanmoins utiliser ces petits appareils à des fins malveillantes, comme filmer des sites sensibles ou en les équipant d'explosifs pour commettre des attentats. Depuis 2015, l'escadre sol-air de défense aérienne de la base d'Avord s'est mise au diapason du problème en créant une unité de lutte anti-drone.
RCF - Tout l'équipement de la lutte anti-drone sur une table.
L'unité protège la Base d'Avord, mais peut aussi être déployée sur de grands évènements nationaux, comme la COP 21 en 2015, le salon du Bourget ou encore les cérémonies du 14 juillet à Paris. L'objectif est de créer une bulle de protection. Si un drone inconnu entre dans la zone, il est repéré grâce à différents types de jumelles ou par l'aéroscope, sorte de petite valise GPS : "On a déjà un préavis grâce à l'aéroscope, donc on a une réprésentation graphique sur la carte, ça nous donne un axe d'arrivée" explique le capitaine Jean-Marie, chef des opérations. "Ensuite, nous avons l'acquisiton visuelle, donc nous voyons le drone, puis je fais immédiatement un compte-rendu [...] dans la foulée, on a identifié le drone donc on le brouille. En fonction du comportement du drone, on va procéder à sa destruction, ou non."
RCF - Le fusil à pompe Benelli (au premier plan) permet de neutraliser les drones. Ils peuvent également être brouillés grâce au fusil brouilleur Nérod. (à la droite du Benelli).
Si la destruction est choisie, c'est le sergent Clément, opérateur de défense sol-air, qui entre en scène. Il est équipé d'un fusil à pompe Benelli de calibre 12 ; avec son arme, il doit réussir à toucher des appareils qui deviennent de plus en plus petits avec les évolutions technologiques, et qui peuvent filer jusqu'à... 80 km/h ! Une opération qui peut sembler difficile, mais le sergent Clément est paré : "Nous nous entraînons au ball trap. Ce sont des plateaux qui peuvent voler à de bonnes vitesses, et ça nous entraîne à prendre une certaine avance, ce que l'on appelle l'avance au tir. On va chercher à viser, un peu en avance de là où va le drone, de façon à ce que le projectile aille taper le drone au moment où il va passer devant."
RCF - Les différents types de jumelles permettent de repérer les drones intrus.
La lutte contre les drones est devenue un véritable enjeu, rappelle le lieutenant colonel Nicolas Penn, commandant de l'escadre de défense aérienne sol-air de la base aérienne d'Avord : "L'expansion de l'usage des drones est une réalité dans notre pays et dans le monde entier. Face à cette expansion, il y a également, malheureusement, des usages à des fins malveillantes [...] on sait que nos systèmes sont efficaces."
L'unité de lutte anti drone de la base d'Avord sera déployée cette année sur le défilé du 14 juillet à Paris.
Reportage
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