En Bretagne, les sangliers sont de plus en plus nombreux. Ils provoquent de plus en plus de dégâts aussi bien dans les champs que chez les particuliers. Ils représentent également un danger sérieux sur les routes. Pour limiter leur prolifération, les chasseurs multiplient les battues. Mais ces derniers estiment qu'il y a d'autres paramètres à prendre en compte.
Depuis le mois de septembre, toutes les deux semaines, la municipalité de Larmor-plage fait appel aux chasseurs afin d’organiser des battues pour réguler la population galopante de sangliers. Et elle n’est pas la seule à connaître cette surpopulation. « La Bretagne subit la même dynamique que partout en France et en Europe » précise André Douard, le président de la fédération des chasseurs d’Ille-et-Vilaine.
Vice-président de l'association Bretagne vivante, Jean-Noël Ballot avance plusieurs réponses : « Les sangliers se reproduisent de plus en plus vite car les hivers sont plus doux et entraînent une faible mortalité. Le développement du maïs leur donne de la nourriture en abondance, une bonne partie de l’année. Il y a aussi des tas d’espaces agricoles abandonnés comme les fonds de vallée, dans lesquels ils peuvent se réfugier. »
Pour André Douard, président de la fédération des chasseurs d’Ille-et-Vilaine, « le sanglier privilégie sa sécurité et sa tranquillité avant sa nourriture. Aujourd’hui, quand on regarde la configuration de l’espace agricole, vous remarquerez que toute l’année, il est occupé par de la végétation de haute tige, avec des cultures traditionnelles et avec des inter cultures qui meublent l’espace toute l’année. Ce qui n’était pas le cas avant. Ce couvert végétal produit des zones de refuge énormes. »
Pour réguler la population de sangliers, les chasseurs sont en première ligne. Le problème est qu’ils sont de moins en moins nombreux. « Il y a entre 3 et 4 % de chasseurs en moins, chaque année » rappelle Jean-Noël Ballot qui rappelle que la chasse n’est pas un service public. « Même si on les chasse, ils continueront à se reproduire » ajoute le représentant de Bretagne vivante pour lequel la nature elle-même a un rôle à jouer. « Quand une espèce devient trop importante, en général, il arrive des épidémies, après. Nous avons actuellement une épidémie de peste porcine africaine aux portes de la France. Ça va certainement régler la problématique sanglier par contre, ça va faire s’effondrer la filière porcine en France. L’autre solution, c’est le prédateur. Mais il n’y en n’a pas beaucoup. Si ce n’est le loup, mais ce ne sont pas les quelques modestes loups, que l’on a en Bretagne, qui vont faire le travail. » Selon lui, « la prolifération du sanglier est aussi le faite d’un type d’agriculture. »
Pour André Douard, « Si on ne nous donne pas les moyens pour chasser, ça ne sert à rien. La solution passe par des aménagements de l’espace. Par exemple, en Ille-et-Vilaine, vous avez des surfaces de maïs énormes qui arrivent au bord des maisons ou des bourgs. Là, vous ne pouvez pas chasser. On aurait besoin d'un petit coup de main du monde agricole. S'ils nous aménageaient des passages faisant l'équivalent de deux rangs d’ensileuse, c'est-à-dire une vingtaine de mètres de large, ça permettrait de couper en deux un espace et de placer une ligne de tireurs. »
En Bretagne, pendant la saison 2023-2024, 19 726 sangliers ont été abattus contre 14 902, lors de la saison précédente. En France, le nombre de sangliers est passé d'un peu plus de 36 000 en 1974 à 880 000 aujourd'hui !
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