Il ne s'agit que de la première phase d’un accord plus global encore à négocier entre Pékin et Washington. Les deux superpuissances économiques font une trêve. Pour Philipe Chalmain, professeur d’histoire économique à l’université Paris Dauphine, spécialiste des matières premières, cela s’apparente plus à un cesser-le-feu qu’à un traité de paix.
D'après Washington, cet accord comprend des avancées en matière de transfert forcé des technologies, ainsi qu'un meilleur accès au marché chinois pour les entreprises américaines du secteur financier. Pékin s’engage à acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains sur une période de deux ans. Dont 40 à 50 milliards de biens agricoles. En échange, Trump a renoncé à imposer de nouveaux droits de douane à la Chine et va diminuer de moitié ceux imposés le 1er septembre dernier.
Un accord dans lequel il n'y a pas de perdants, du moins sur le papier. Pour Donald Trump c’est une promesse tenue vis-à-vis de ses électeurs. Il a fait face à la Chine et l’a contraint au bras de fer. A court terme, l’accord devrait permettre à l’économie américaine de rester compétitive en réduisant son déficit commercial avec l’Empire du Milieu. Surtout en ce qui concerne l’agriculture. Avec bien sûr des arrières pensées électorales, comme le rappelle Philippe Crevel, économiste et directeur du cercle de l’épargne.
Pour le président chinois, c’est aussi un succès. Il ne perd pas la face et apparait presque comme un modéré dans l’histoire. Quant aux marchés financiers qui détestent l’incertitude, ils vont être soulagés, sensibles à la moindre friction entre Pékin et Washington. Car ce conflit a eu des répercussions sur l’économie mondiale, précise Philippe Crevel.
Un accord mal perçu côté européen. Si Donald Trump fait une pause dans le conflit commercial avec la Chine, il a engagé en parallèle une guérilla avec les 27. Sur l’automobile, l’aéronautique ou encore le vin. Avec par exemple cette menace contre la France en représailles à la taxe sur les géants d’internet. Pour Philippe Crevel, la menace est double pour les européens. Des adversaires plutôt faciles pour Donald Trump, car divisés. A l'inverse de la Chine.
Ce qui fâche le plus fera parti du second volet de négociations. Au programme, la question de la cybersécurité par exemple avec le dossier du fabriquant de téléphone chinois Huawei. Il est suspecté par la Maison Blanche de moucharder les données des utilisateurs. Ces discussions à venir laissent toujours planer le doute d’un risque de nouvelle tensions entre les deux pays. Il n’est pas impossible que les deux géants alternent les cycles de conflit et de trêve pour satisfaire leur opinion publique.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !