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La Corse française, la France corse

RCF,  - Modifié le 16 mai 2018
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Hier, la Corse est devenue française. Hier, le 15 mai 1768, les Italiens ont cédé l’île à la France, en guise de remboursement de leurs 40 millions de livres de dette. Il était convenu que la France leur restituerait ce territoire une fois la dette acquittée. À ce jour, on ne sait pas si le remboursement est toujours en cours. N’accablons pas l’Italie avec ce problème supplémentaire.

À un an près, Napoléon serait donc né Italien. Mais ainsi va l’histoire : quelques siècles plus tard, c’est la Corse qui souhaite se séparer de la France. Autonomie ou indépendance, le but affiché est de défendre la possibilité de faire de la politique autrement. De faire de la Corse un laboratoire de la démocratie. Ce n’est pas nouveau.

La Corse n’a pas attendu le XXIe siècle pour être un enjeu politique. Une terre philosophique. Rousseau, que l’on ne peut pas soupçonner d’être indépendantiste, a ainsi rédigé, un peu avant la Révolution française, un projet de Constitution pour la Corse. C’est là, sur ce bout de terre, entre mer et maquis, qu’il s’agit d’instaurer la démocratie, réelle, concrète, et véritable. C’est là, selon Rousseau, qu’il faut tenter de ne pas laisser la politique, le gouvernement et l’État, s’enliser.

Car la plupart du temps, que fait un gouvernement ? Rien. Il « demeure », dit Rousseau, « inactif, immobile ». Et « s’il ne décline pas vers sa chute », il n’atteint pas davantage son but. Gouverner n’est plus alors qu’une question de gestion, et la politique se réduit à des tractations. C’est en Corse, donc, que Rousseau entend empêcher cet enlisement. Car ce qui doit mener les réformateurs, qu’ils soient indépendantistes ou pas, c’est, toujours pour parler comme Rousseau, l’idée que la République se définit par la capacité à « faire de grandes choses », à susciter « de grands désirs, de grandes espérances, de grands motifs positifs d’agir ». Agir, et pas seulement réagir ou contrevenir. Alors, Français, encore un petit effort pour être un peu plus Républicains, un peu plus… Corses !

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