Presque un an après le premier confinement, notre société a tout connu ou presque. L’incrédulité, la douleur parfois. Une période inédite avec l’arrêt des célébrations religieuses et des fidèles privés de culte, une période difficile mais pour autant une période féconde. Monseigneur Bruno Valentin est évêque auxiliaire de Versailles. Il publie "Rebâtir ou laisser tomber ? L’Église au cœur", aux éditions de l’Emmanuel.
Une image a marqué le monde ces dernières années : la cathédrale Notre-Dame de Paris, victime des flammes en avril 2019. "L’incendie de Notre-Dame a été une sorte d’allégorie de l’état du monde et de l’Église. C’est un vrai appel à rebâtir", affirme Monseigneur Bruno Valentin.
Selon lui, face à l’épidémie et la crise qui en découle, l’Église a un rôle primordial. "D’abord se considérer comme elle-même éprouvée. Et puis le deuxième rôle c’est un rôle d’exemplarité, un rôle de précurseur", détaille-t-il.
Après la phase de sidération, l’Église s’est adaptée à la crise, notamment en retransmettant les messes sur internet. "On a dû adapter des propositions nouvelles. Cette crise a une dimension de laboratoire", affirme Mgr Valentin. "Il y a un mouvement de fond qui nous dit que la crise n’arrêtera pas le travail de l’Esprit Saint", ajoute-t-il.
Plus particulièrement sur la question des abus sexuels, "l’action de l’Église est précurseuse", estime-t-il. "Dans huit jours, nous serons en assemblée plénière. Nous allons prendre des décisions importantes dont des décisions concernant le travail de la mémoire. C’est-à-dire signifier que l’on veut garder mémoire de ce que ces hommes et femmes ont subi et en tirer des leçons pour demain", ajoute l’évêque auxiliaire de Versailles.
Cette crise peut apporter de nombreux doutes aux fidèles. Face à cela, "notre première responsabilité c’est d’appeler à espérer encore", assure Mgr Valentin. "Cette crise qui dure pourrait nous donner la tentation de laisser tomber. Notre devoir c’est d’inciter à relever la tête, à croire dans un avenir possible", ajoute-t-il.
Dans son livre, Mgr Valentin fait une allégorie entre le pont d’Avignon et l’Église en France. "L’allégorie du pont d’Avignon repose sur deux réalités, d’abord la mission même de l’Église qui est de faire le pont. Le pont d’avignon ne relie plus rien. Il reste une ruine et la question c’est de savoir si notre Église saura éviter cette situation. Saurons-nous éviter ce devenir de ruine auquel on est attaché par habitude ?", s’interroge l’évêque de Versailles.
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