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La démographie, un enjeu politique pour l’Europe

RCF,  - Modifié le 17 janvier 2020
En plein débat sur la réforme des retraites, l’INSEE publiait mardi son bilan démographique 2019 : la natalité française continue de baisser pour la 5ème année consécutive.

Cette situation est-elle spécifique à la France ou s’agit-il d’une tendance qu’on observe ailleurs en Europe ?

Ce n’est pas pour rien qu’on appelle l’Europe le « vieux continent ». C’est, en effet, en Europe que l’âge médian est le plus élevé au monde. A 43 ans, celui-ci est supérieur de 12 ans à la moyenne mondiale. Pis encore, l’Organisation des Nations Unies prévoit que la population européenne devrait commencer à décroitre à partir de l’année prochaine.

Et si la France fait bien figure d’exception, ce serait plutôt du fait de ses relativement bonnes performances en matière démographique. Alors, bien sûr, l’Europe n’est pas la seule à vieillir ni même à anticiper une diminution de sa population à l’horizon 2050 : la Chine, le Japon ou la Russie sont également concernés.

Mais il n’y a pas vraiment de quoi se réjouir tant les conséquences potentielles de cette évolution démographique de l’Europe sont inquiétantes : ralentissement de la croissance, baisse du PIB par tête, poids de plus en plus important des pensions et des dépenses de santé, etc.

Il s’agit donc d’un défi commun aux Européens, mais j’imagine néanmoins que ce phénomène de vieillissement de la population ne concerne pas uniformément tous les pays européens. Vous évoquiez tout à l’heure les plutôt bonnes performances françaises. Qu’en est-il de nos voisins ?

Vous avez raison, la situation est loin d’être homogène en Europe. Mais je voudrais insister sur la situation particulière de l’Europe centrale et orientale, qui est marquée par un très fort déclin de la natalité. Alors que la démographie est ici généralement perçue comme une question technique, il n’en n’est pas du tout de même en Europe centrale et orientale.

Preuve de l’importance politique du sujet, la présence au dernier sommet démographique de Budapest, en septembre dernier, de nombreux officiels dont le premier ministre Tchèque, Andrej Babiš, et le président serbe. Il faut dire que certains de ces Etats, la Bulgarie par exemple, connaissent une véritable hémorragie de leur population, en particulier de leurs jeunes qui préfèrent partir tenter leur chance à l’Ouest. Il faut absolument lire le politologue bulgare Ivan Krastev, qui analyse avec une très grande finesse les conséquences de cette panique démographique.

En particulier, il insiste sur l’impact très important de l’émigration (et non de l’immigration), de la fuite des cerveaux sur le rejet de la mobilité de la part de ceux qui restent ou sur la montée en puissance de discours valorisant une forme de nativisme et appelant au repli sur les frontières nationales.

La démographie a désormais un portefeuille dédié au sein de la Commission européenne. Est-ce que cela change quelque chose ?

Il est un peu tôt pour répondre, car il faudra voir concrètement ce que l’UE pourra faire dans ce domaine, mais c’est en tout cas un signal politique fort et c’est une bonne nouvelle. Dédier une vice-présidence à la démographie permet de la légitimer comme sujet politique et de ne pas l’abandonner aux extrêmes. Initier une réflexion sur le futur d’une population sur un territoire donné, c’est également les prémisses de toute réflexion sur la souveraineté. Commission
géopolitique, disions-nous…

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