Alice Coffin, élue Europe Écologie-Les Verts (EELV) à la mairie de Paris et militante féministe lesbienne, a vraiment un problème avec les hommes. L’autrice du "Génie lesbien" (éd. Grasset), non le titre n’est pas un pari de fin de soirée, a été interviewée sur Europe 1 et je vous avoue que la violence et la caricature de son propos m’ont laissé pantois.
Je préfère citer ici les termes exacts de Madame Coffin. Elle dénonce, dans une généralisation stupéfiante, "la nuisance des hommes". "Des hommes", entendez-vous, et pas de certains hommes ou même de beaucoup d’hommes. Dans son livre, on peut lire cette diatribe hallucinante : "Les hommes tuent les femmes. Sans relâche. Ils les violent. Sans cesse. Ils les agressent, les harcèlent, les enferment, les exploitent."
Je sais pertinemment la réalité des violences, notamment sexuelles, faites aux femmes dans nos sociétés, du fait de nombreux hommes. Je me sens vraiment atteint par ces comportements criminels et approuve volontiers bien des positions féministes. Mais enfin, on a l’impression avec ce discours que tous les hommes sont potentiellement des agresseurs sexuels. C’est la limite des expressions comme "culture du viol" qui finissent à force de généralisation par vider les mots de leur sens et par arriver au résultat inverse que celui qui était visé.
Le plus consternant est ce que propose Madame Coffin pour résoudre la question masculine : "Il faut les éliminer de notre esprit", nous dit-elle. Sous prétexte que les hommes auraient "éliminé un certain nombre d’œuvres d’art créées par des femmes" (de quel chef d’œuvre perdu parle-t-on, je serais curieux de le découvrir ?), elle ne veut plus lire de livres écrits par des hommes ni voir des films filmés par des hommes. Et quand on lui demande pourquoi elle veut bannir symboliquement la moitié de l’humanité, elle répond par un argument de cour de maternelle : "Ce n’est pas moi qui ai établi la guerre".
En menant cette petite et dérisoire campagne, je ne crois pas que Madame Coffin fasse avancer d’un pouce la cause féminine. Puisque le mot est à la mode, nous avons affaire à un séparatisme, à un discours d’apartheid symbolique qui ne peut que déchirer le tissu social, renforcer les vieux préjugés machistes et faire naître de nouvelles rancœurs entre hommes et femmes. Je préfère quant à moi goûter le bonheur de vivre aux côtés des femmes. C’est ça l’humanité.
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