La fusée européenne s’est élancée cette semaine pour la centième fois du centre spatial guyanais. Vincent de Féligonde fait le point sur l'industrie spatiale.
Les deux premiers vols de la cinquième version du programme Ariane, conçue pour lancer de gros satellites de communications, avaient été des échecs. Pour le premier, le logiciel conçu pour Ariane 4 n'avait pas été testé dans la configuration d'Ariane 5… Et pour le deuxième, le tir n’était pas allé assez haut.
Depuis, Arianesgroup a fait taire ses détracteurs. 95 des 100 lancements ont réussi. Ariane 5 a mis en orbite plus de 200 satellites, dont 152 pour les télécommunications. La fusée européenne a réussi durant des années à maintenir une part de marché supérieure à 50% dans le lancement de satellites géostationnaires.
Outre la fiabilité atteinte par Arianegroup, le fait que son pas de tir soit situé à Kourou fait son succès. Au plus proche de l’équateur, la Guyane française permet aux lanceurs de bénéficier de l’effet de fronde de la rotation terrestre. « Un même lanceur peut emporter 17 % de charge utile supplémentaire depuis la Guyane par rapport à Cap Canaveral, en Floride, et même 30 % de plus par rapport à un décollage de Baïkonour, au Kazakstan, très au nord », expliquait à La Croix un spécialiste en avril dernier.
Mais la concurrence est rude. Les sociétés américaines SpaceX et Blue Origin, des milliardaires Elon Musk et Jeff Bezos ont mis au point des fusées « réutilisables » et non plus à usage unique. Ce qui permet de réduire largement les coûts. En 2017, pour la première fois, Arianespace a été reléguée à la deuxième place avec 11 lancements contre 18 pour SpaceX.
Et Arianegroup a réagit en sortant un nouveau modèle, Ariane 6, qui doit se substituer progressivement à Ariane 5 à partir de 2020. Ce nouveau modèle sera plus modulable, car disponible en version avec 2 ou 4 boosters – les petits propulseurs de côté. Par ailleurs, l’étage supérieur bénéficiera d’un moteur Vinci rallumable en vol afin d’« essaimer » les satellites. Surtout, Ariane 6 sera produit en série, avec des éléments standardisés et un schéma industriel simplifié. Ce qui permettra de réduire les coûts de 30 à 40 % par rapport à Ariane 5, pour garder leur compétitivité sans sacrifier la fiabilité.
La Nasa américaine a choisi Ariane 5 pour envoyer en 2021 le télescope spatial James Webb, remplaçant du télescope spatial Hubble. Un projet estimé à dix milliards de dollars. Preuve que pour des missions coûteuses, les Américains préfèrent tout de même la fiabilité européenne…
Daniel Dermy scrute l'actualité de l'astronomie.
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