Depuis le week-end dernier, la situation des migrants a franchis un cap. Plus de 20.000 personnes originaires d’Afghanistan, du Pakistan, d’Iran, d’Irak ou de Syrie ont convergé ces derniers jours vers la frontière, longue de 212 kilomètres, qui sépare la Turquie de la Grèce.
Le gouvernement turc, qui a officiellement ouvert ses frontières européennes, fait pression afin que l’Europe accueille ces populations. Un chantage auquel L’Europe et la France refusent pour le moment de céder. Et pour l’heure, on assiste à un véritable drame humanitaire.
Depuis le début de la semaine, ces 20.000 réfugiés, selon les chiffres officiels, cherchent à entrer en Grèce : notamment au poste frontalier de Pazarkule et aussi sur les côtes de l’Ile de Lesbos. Dans les deux cas, des heurts ont éclaté entre les autorités grecques et les migrants, mais aussi parfois avec les populations locales. Faisant de nombreux morts. Devant ce drame, le professeur Ziad Alissa, médecin franco-syrien, président de l’ONG "L’union des organisations des soins et des secours médicaux", rappellait sur RCF l’urgence de la situation. Pour Ziad Alissa, se pose surtout la question de fond. Comment endiguer réellement la situation de ces populations ? Sa réponse : il faut les aider sur place.
Cette crise des migrants n’est malheureusement pas nouvelle, mais elle a franchi un nouveau cap ce week-end après une hausse des tensions dans la région d’Adlib en Syrie, entre la Turquie, qui soutien de groupes de rebelles syriens, et le régime Syrien, soutenu par la Russie. Ces affrontements dans la province d’Idlib en Syrie ont en effet causé la mort de130 personnes. Ils ont cristalisé les relations entre la Turquie et la Russie. Pour Jean Marcou, professeur de sciences politiques de Grenoble, la Turquie n’est pas en position de force.
Une rencontre entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan doit se tenir jeudi à Moscou. L'objectif : régler la situation à Idlib. Les deux chefs d’Etat sembleraient disposés à trouver une issue. Une issue diplomatique qui serait finalement bénéfique pour les deux partis, comme le souligne, Frédéric Encel, géopolitologue et maître de conférence à Sce Po Paris.
Mardi, le Premier ministre grec s’est rendu à la frontière turque accompagné de la présidente de l’UE qui lui a promis une aide de 700 millions pour faire face à la situation. Les ministres des Affaires étrangères européens se réuniront autour de cette crise d’ici la fin de semaine.
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