Une maison dédiée à l'accueil d'enfants présentant des troubles psychiques sévères a été inaugurée vendredi 24 novembre, à Milizac-Guipronvel. Portée par le CHU de Brest et le Département, elle propose au même endroit du soin et de l’accueil.
Une maison dédiée à l'accueil d'enfants présentant des troubles psychiques sévères a été inaugurée vendredi 24 novembre, à Milizac-Guipronvel, dans le Finistère, par la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance, Charlotte Caubel. La maison Madeo, c’est son nom, va accueillir 6 enfants, encadrés par une vingtaine de professionnels, médecins et éducateurs… Cette structure innovante propose au même endroit à la fois du soin et de l’accueil. Elle est portée par le CHU de Brest et le Département.
« On était face à un constat assez terrible, qui est qu’une petite partie des enfants de l'aide sociale, en France, avait de tels troubles du comportement, des troubles relationnels, qu’ils ne pouvaient pas vivre dans les foyers ordinaires ou les familles d'accueil... », précise le professeur Guillaume Bronsard, chef du service de pédopsychiatrie au CHU de Brest. « Il n'y avait plus que deux possibilités : soit l'hôpital psychiatrique permanent, c'est le cas pour une partie d'entre eux, c'est à dire qu'ils restaient des mois, parfois des années, dans des endroits extrêmement confinés de la psychiatrie, ou bien ils sortaient mais ne restaient qu’une semaine, deux jours, trois jours… Et des ruptures, des ruptures, des ruptures... »
L’innovation, avec la création de cette maison Madeo, a été de réunir les professionnels de deux structures au même endroit pour travailler ensemble. « En fait, on avait un problème qui était que ses enfants appartenaient à la fois à la protection de l'enfance, donc ils avaient déjà un problème en soi de lieu d'hébergement, et ils avaient des troubles qui faisaient qu'ils relevaient aussi de la psychiatrie. C'était un ping-pong permanent entre la protection de l'enfance et la psychiatrie. Il a fallu créer un dispositif mixte qui met d'énormes moyens pour s'occuper d'eux, de la part du Département et de l'hôpital, et c'est cette rencontre-là, mais il faut qu'elle soit préparée et régulée, qui arrive à peu près à apaiser. »
Trouver cet équilibre est un travail délicat pour les éducateurs. « Il faut expliquer à l'enfant pourquoi on fait les choses, dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit, devenir un adulte sécurisant en mettant de la bienveillance et parfois il faut aussi hausser un petit peu le ton », raconte Bertrand Guéna, responsable de service sur le Centre départemental Enfance-Famille et responsable du service Madeo. « Ces enfants, qui ont eu plusieurs ruptures de parcours avant d’en arriver là, ont des troubles qu'on appelle « externalisés », c'est à dire qu'ils peuvent se mettre en danger, faire preuve de violence, et il nous faut des moyens plus adaptés, plus conséquents, pour les prendre en charge de façon sécurisante pour les professionnels et pour eux. Cette maison est un sas d'apaisement pour ces enfants. » Un point sur lequel a insisté, lors de l'inauguration de la maison Madeo, la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance, Charlotte Caubel. « On sait, dans la protection de l'enfance, qu'on a quelques dizaines d'enfants qui nous interrogent et qui mettent en difficulté tous les dispositifs. Ici, on prend soin d’eux et ça permet à tous les autres aussi d'évoluer avec des professionnels qui se sentent bien dans leur métier. La sociologie des familles a changée, les enfants eux-mêmes ont des fragilités que l’on repère mieux. Les pédopsychiatres sont plus attentifs à certaines situations. »
Pour le Département, cette inauguration s'inscrivait aussi dans le programme présenté il y a un an des « Dix engagements pour la protection de l'enfance », qui doit se traduire par l'ouverture de plusieurs centaines de places dans le Finistère. « Notre politique consiste à ouvrir de très nombreuses places, et à les adapter aux besoins de chaque enfant. Ici, on parle d'enfants qui ont des besoins d'accompagnement très renforcés au plan médical », explique Maël de Calan, le président du Conseil départemental. « On a aussi le projet d'ouvrir, dans un an et demi, trois villages de fratries quand le besoin des enfants est de rester avec leurs frères et leurs sœurs. Il y en aura un à Plouzévédé, un à Pleyben et un troisième à Tréffiagat. Troisième exemple : les lieux de vie, des structures très ouvertes sur les espaces naturels, à Santec, à Trégunc et ailleurs... Pour ce qui concerne le projet spécifique qu'on inaugure à Milizac-Guipronvel d'accompagnement médical renforcé, il y a le souhait d'en ouvrir davantage dans le Finistère. Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. On a ouvert cette structure, il faut qu'on regarde comment elle fonctionne, que les professionnels nous disent si elle correspond aux besoins de chaque enfant qui nous est confié. »
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !