Bannies dans un premier temps des Jeux Olympiques modernes de 1896, c’est en 1900 que les premières athlètes féminines sont autorisées à participer à certaines épreuves. C’était déjà lors des J-O de Paris. 124 ans plus tard, les J-O de cet été, à nouveau dans la capitale française, se targuent d’être enfin arrivés à atteindre la totale parité : 10 500 athlètes, autant de femmes que d’hommes. Signe que les temps changent ? Une victoire à modérer pour le sociologue de l’Université de Strasbourg William Gasparini : si les femmes sont davantage présentes, la domination masculine l’est aussi.
RCF Alsace : À partir de quelle période les femmes vont-elles pouvoir participer aux Jeux pour la première fois et dans quelle mesure?
William Gasparini : C'est en 1896 qu'ont lieu les Jeux olympiques rénovés par le baron Pierre de Coubertin. Et à cette époque, les femmes n'ont pas le droit de participer. Elles ont tout juste le droit de couronner les vainqueurs. C'est ce que dit Pierre de Coubertin. Je le cite de mémoire : “Les femmes sont des reproductrices qui sont destinées à célébrer les vainqueurs”. Et donc c'est seulement à partir de 1900 que des femmes sont autorisées à participer aux Jeux Olympiques.
RCF Alsace : Plus récemment, jusque dans les années 2000, il y avait encore des disciplines interdites aux femmes !
William Gasparini : C’est vrai qu’au début, c'était uniquement dans certaines disciplines, compatibles avec la féminité. Ça pouvait être du golf, du tennis, mais en aucun cas de l'athlétisme par exemple. Et c'est vrai qu'encore jusqu'aux années 2000, les femmes n'avaient pas le droit de participer au lancer du marteau, au saut à la perche, à l'haltérophilie…
RCF Alsace : Pourquoi ?
William Gasparini : C'est la domination masculine et l'héritage masculin et machiste de l'institution sportive. Parce que traditionnellement, historiquement, le sport, c'est un monde d'hommes avec des espaces uniquement fait pour les hommes. En fait, ce n’est jamais les hommes qui ont demandé aux femmes de participer aux Jeux Olympiques. C'est toujours des mouvements féministes, et on le voit à travers l'histoire, qui s'imposent. C'est toujours un combat. Dans les années 1920, quelqu'un qui est connu maintenant mais qu'on ne connaissait pas il y a quelques années, Alice Milliat, une sportive militante féministe, s'impose. Face à l'interdiction par le baron Pierre de Coubertin aux femmes de participer, elle a créé les Jeux mondiaux féminins, un contre pouvoir. C'est seulement grâce à elle qu'en 1928, enfin, les femmes peuvent pratiquer de l'athlétisme, ce qui était interdit jusqu'à présent.
RCF Alsace : Les J-O de Paris se ventent d’atteindre pour la première fois la parité homme femme. Est-ce vraiment le cas ?
William Gasparini : Non, vous avez raison. On a effectivement une parité parfaite, à l'image de la place de la femme dans le monde, puisqu'il y a environ 50 % d’hommes et 50 % de femmes globalement. Mais la parité ne veut pas dire l'égalité. En France par exemple, en tout cas pour les Jeux Olympiques 2024, les primes lorsqu'on gagne des médailles seront du même montant pour les hommes et les femmes. Mais ce n’est pas le cas dans tous les pays du monde. Et puis, il y a des différences de traitement… Le traitement médiatique n'est pas le même. Il y a un rattrapage qui se fait progressivement, mais il y a encore beaucoup de chemin parce que la domination masculine est encore là.
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