La précarité en région PACA

Des pauvretés aux réalités différentes

Il y a des formes de pauvreté qui durent. Je pense à Gabriel, un collégien de 15 ans, qui s’efforce de suivre une scolarité classique et espère décrocher son Brevet des Collèges. Voilà ce qu’il nous dit. "Les autres de la classe, ils savent pas où j’habite. C’est la honte. Les squats c’est mal vu par ceux des apparts". Ceux des apparts, ce sont ses camarades vivant dans des logements sociaux des Quartiers Politiques de la Ville. 

Il y a aussi ceux qui ont basculé dans la pauvreté avec la crise sanitaire. C’est le cas de Robert, un marseillais de 66 ans. Jusqu'en mars 2020, il cumulait petite retraite et boulot d'appoint. "Si je faisais 200 euros dans le mois ça me suffisait pour payer la bouffe et faire quelques commissions". Ayant perdu cette ressource, il se retrouve endetté.

Ces témoignages reflètent les réalités vécues par des personnes dont la situation s’est dégradée au fil des confinements successifs et des conséquences sanitaires et sociales de la pandémie. Ce sont des gens dont les conditions de vie ou d’isolement font qu’ils se sont retrouvés seuls, sans aide. Ils se sont tournés pour la première fois, pour certains à 40 ou 50 ans, vers les associations comme la nôtre. Pour la plupart, ces gens travaillaient, étaient insérés dans la société, mais ils ont été touchés par le ralentissement des services publics, par la perte d’un emploi, par la difficulté à en retrouver un nouveau. 
 

Prendre en compte la diversité des territoires

Je viens d’évoquer l’intensité croissante et la diversité des formes de pauvreté. Face à ce constat, nous insistons de nouveau sur une double exigence : la première doit être de garantir l’accès et le respect des droits fondamentaux ; mais il faut simultanément maintenir et renforcer les filets de sécurité. Mais à partir de cette analyse régionale, il nous semble aussi nécessaire de prendre en compte la diversité des territoires : les besoins des personnes en situation de précarité y sont différents, mais aussi les capacités des différentes institutions à agir.

Voilà pourquoi nous souhaitons la mise en place d’un observatoire régional de la grande pauvreté qui aurait pour mission de mieux comprendre les dimensions de la pauvreté dans la région. Il devrait permettre de repérer des signaux faibles, des régularités dans la pauvreté. Ainsi, l’action pourrait s’adapter aux besoins des personnes en précarité, finement et rapidement. Il devrait pour cela veiller à solliciter la participation des personnes en situation de précarité dans la formulation de leurs propres solutions. 
L’élaboration de ce rapport a déjà permis de renforcer le dialogue dans les territoires. Poursuivons sur ce chemin.