Le premier ministre Edouard Philippe a défendu son projet de système universel des retraites, conformément à la promesse du candidat Macron à la présidentielle. Alors que beaucoup accusent l’exécutif de défendre un projet néo-libéral rompant avec l’esprit du Conseil national de la résistance, le premier ministre s’est présenté au contraire comme son successeur, en rappelant que le projet préparé alors, notamment par le parti communiste et la CGT, prévoyait je cite, « l’universalité pour assurer la solidarité », avant de n’être appliqué que partiellement.
Ce qui a conduit au maintien des « régimes spéciaux », notamment à la RATP, la SNCF ou les anciens monopoles du gaz et de l’électricité.
Quels sont les grands principes du futur système ?
Son caractère universel signifie qu’il n’y aura plus 42 régimes différents. Et notamment plus les fameux régimes spéciaux. Tout le monde, quel que soit son statut, va participer à un système obligatoire, par répartition – les actifs paient pour les retraités, et à points, qui seront le fruit de chaque heure travaillée. Et la valeur du point sera la même pour tous.
Dans un monde où les mobilités professionnelles seront beaucoup plus importantes qu’aujourd’hui, cette universalité permettra de changer beaucoup plus facilement de métier, sans que cela nuise à sa retraite future.
Chaque heure travaillée permettra d’acquérir des points, ce qui bénéficiera particulièrement aux personnes qui ont des carrières hachées, qui peuvent n’avoir pas gagné suffisamment durant un trimestre pour le valider en vue de la retraite, ce qui les contraints à travailler jusqu’à 67 ans – cela concerne 20% des femmes.
Les écarts d’âge de départ à la retraite ne s’expliqueront plus par la différence de statut, mais par le caractère pénible ou non du travail. Et les périodes d’inactivité subie : chômage, maladie, maternité, invalidité, ne pénaliseront plus les personnes pour le calcul de leur pension. Enfin, les plus riches paieront une surcotisation à fonds perdus pour alimenter un fonds de solidarité, qui permettra notamment d’assurer à tous une pension minimum de 1000 euros, ce qui est loin d’être le cas actuellement pour les agriculteurs, les commerçants et les artisans.
Edouard Philippe a reconnu que le changement peut être difficile à vivre pour des personnes qui ont opté volontairement pour un statut protecteur. La période de transition sera plus longue que prévu, puisque le projet ne concernera pas les personnes nées avant 1975. Et non celles nées après 1963, comme initialement envisagé.
Il a aussi pris en compte les spécificités des forces de l’ordre, exposées à des fonctions dangereuses, mais aussi certains personnels soignants et les enseignants, qui sont les principales victimes d’un système où les primes seront intégrées dans le calcul de la pension car ils ont relativement moins de primes que les autres fonctionnaires. Le premier ministre a assuré que leur niveau de pension sera sanctuarisé dans la loi.
Parce que l’exécutif a finalement choisi d’adjoindre à sa réforme systémique des mesures destinées à assurer le retour à l’équilibre du système des retraites. Ce qui se traduira par l’introduction progressive d’un « age d’équilibre » à 64 ans à l’horizon 2027, ce qui conduira la génération née dans les années 60, la mienne, à travailler sans doute plus longtemps. Un casus belli pour Laurent Berger, le patron de la CFDT, qui militait depuis longtemps pour la seule réforme systémique.
Difficile de savoir. Ce qui est sûr, c’est que les grèves ne sont pas prêtes de s’arrêter dans les transports.
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