La Pyramide de chaussures, symbole de la mobilisation citoyenne

Aujourd’hui, dans les conflits, 90% des victimes sont des civils. En 1918, au sortir de la Première Guerre mondiale, ce chiffre s’élevait à 15%. Des données alarmantes qui poussent les associations à s’engager.

 

Le pouvoir de l'engagement citoyen

 

Depuis 40 ans, Handicap International se bat pour la protection des civils dans les pays en guerre, pour "cadrer la façon dont [celle-ci] est exercée", explique Hélène Robin, responsable Mobilisation dans l’association. Et depuis 28 ans, chaque mois de septembre, l’opération des Pyramides de chaussures est couronnée de succès. Chacun peut ajouter sa pierre à l’édifice en lançant une vieille paire de chaussures. L’idée est notamment de symboliser l’engagement citoyen et le désir de changement. Les chaussures sont ensuite recyclées ou vendues dans des boutiques solidaires. Jusqu’au 24 septembre, il est possible de "lancer des pompes contre les bombes". 

 

Pour Adrien Vrot, référent Bretagne de l’ONG, "c’est par un paquet de petites actions que l’on fait une grande action". Et les petites actions, à Handicap International comme ailleurs, sont précieuses. La mobilisation se fait certes à travers des pétitions, mais aussi via des opérations comme les Pyramides de chaussures. Hélène Robin souligne "qu'on a le pouvoir, avec une mobilisation citoyenne, de faire bouger les choses à l’international". 

 

L’association compte à ce jour près de 1000 bénévoles pour les évènements organisés à travers la France. Pour Hélène et Adrien, s’engager dans une association ne rime pas à renoncer à une autre cause. "Il n’y a pas de monopole de la cause que l’on doit soutenir", insistent-ils. Pour ne pas céder à la morosité et à la fatalité, il "faut se lever chaque matin avec l’idée de l’engagement". Sensibiliser une personne sur dix, "ça permet déjà de changer les choses". 

 

Conscientiser les plus jeunes

 
L’éducation à la paix commence dès l’école primaire pour former des citoyens éclairés. Pour toucher les jeunes dès leur plus jeune âge, Handicap International a saisi l’importance de l’adaptation. "À nous de nous réinventer chaque jour pour que chacun trouve une façon adéquate de s’engager", explique Hélène Robin. 

 

Adrien Vrot est quant à lui engagé depuis tout petit, et témoigne du haut de ses 30 ans du "besoin d’élever les consciences", de la "flamme du bénévolat" qui l’anime. Pour s’adresser aux plus jeunes, il a appris à "adapter son discours, avec des images qui parlent, en racontant des histoires". Les équipes de l'ONG ne manquent pas d’imagination pour sensibiliser. Le jeu "Vis ma vie d’humanitaire" permet par exemple de se mettre dans la peau des bénévoles ou de mesurer les responsabilités sur le terrain.

 

Actions citoyennes, politiques et locales : le triptyque gagnant

 

Urgentiste sur le terrain pendant 20 ans et dans de nombreux pays, Hélène Robin a pu dresser de nombreux constats. Portée par les mêmes valeurs d’action et de témoignage, l’ONG s’implique depuis 40 ans dans 60 pays. Des combats qui se sont avérés fructueux, puisqu’ils ont abouti à deux traités contre les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions. Le 18 novembre 2022 est prévue la signature d’un traité pour l’interdiction de bombes en zone peuplée, symbole d’un aboutissement diplomatique important. 

C’est avec le double mandat d’agir et de témoigner que l’association vient en aide aux populations en détresse totale et dénonce les actes de barbarie. Les tonnes de chaussures récoltées sont pour Hélène Robin le reflet de l’engagement des français. La mobilisation lors de l’opération permet de faire pression sur l’Etat, de "montrer l’influence [qu’ils portent]". Malgré le contexte anxiogène, les membres d’Handicap International ne perdent pas espoir et se sentent motivés par l’envie de se battre, de ne "rien lâcher". Avec un conseil pour les auditeurs : "levez vous le matin et dites vous qu’il va se passer des choses".