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La religion se discute à ciel ouvert

RCF,  - Modifié le 21 octobre 2020
L'édito de François HugueninL'édito de François Huguenin du mercredi 21 octobre
​L’assassinat de Samuel Paty permettrait-il enfin de nommer par son nom le péril de l’islam fanatique ? C'est la question que pose François Huguenin.
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Le pouvoir politique ne peut plus se contenter de bonnes paroles. Il faut agir face à l'islam radical. Y compris face à une mosquée comme celle de Pantin qui a divulgué sur ses réseaux sociaux le nom de l’enseignant avant d’effacer les traces de ses forfaits et d’appeler hypocritement à manifester. Cela ne peut rester en l’état.

Qu’un professeur ait été assassiné pour avoir montré en cours des caricatures de Mahomet est abject et ne saurait qu’être condamné sans aucune réserve. Pourtant, peut-on essayer d’introduire un peu de nuance dans un contexte où celle-ci a du mal à trouver sa place ? Car la nuance n’exclut pas la plus résolue des fermetés.

Il me semble que nous nous trouvons depuis quelques jours dans un climat où les dessins de Charlie Hebdo sont brandis en étendards de la liberté. Rien ne justifie que l’on interdise d’une manière ou d’une autre ces caricatures. Si j’aime la liberté, c’est que je la veux pour Charlie Hebdo même si je n’ai personnellement jamais adhéré à l’esprit de ce journal.

Mais faire de ce genre de dessins l’emblème de la liberté d’expression me paraît fautif pour deux raisons. D’abord parce que la liberté ne va pas sans la responsabilité. Ce n’est pas parce que rien ne m’empêche de faire quelque chose que je dois le faire. J’ai cité à cette antenne, il y a quelques semaines, Camus dans Le premier homme : "un homme ça s’empêche. Voilà ce que c’est un homme…". Parfois on peut choisir de s’empêcher de faire quelque chose, pour d’excellentes raisons comme la paix ou le respect de l’autre. C’est aussi ça être libre.

Ensuite parce que, comme le dit très bien Adrien Candiard dans son dernier livre, Du Fanatisme, Quand la religion est malade (Cerf), nous avons soustrait la religion à la discussion commune en en faisant une croyance indiscutable, cantonnée à l’espace privé. Or, la religion se discute, à ciel ouvert, et c’est même le rôle de la théologie de le faire. Plus cette dernière sera sur la place publique, en argumentant, moins les fanatiques de tous poils seront tout-puissants. 

La raison et la discussion, aux côtés de la fermeté et de la détermination, sont nécessaires à la lutte contre le fanatisme. On ne pourra se contenter de caricatures et d’insultes pour le faire reculer. Il n’attend que cela pour nourrir sa violence. Il nous faut de la force, de la conviction et de l’intelligence.

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