La Rochelle : avec la psychologue Emilie Sauvaget, mieux comprendre la dégradation de la santé mentale des jeunes

En ce mois de septembre synonyme de rentrée pour les jeunes, qu'ils soient collégiens, lycéens ou étudiants, la question de la santé mentale se pose. Pour mieux cerner les enjeux et les ressources disponibles, RCF s'est entretenue avec Emilie Sauvaget, psychologue clinicienne au groupe hospitalier Littoral Atlantique et coordinatrice Promotion Santé Mentale et Prévention Suicide.

Une dégradation depuis 2014

La spécialiste explique ainsi qu'on observe une dégradation notable de la santé mentale des jeunes - comprenez les 15-25 ans, voire 12-25 ans - depuis 2014, un phénomène certes aggravé par la pandémie de Covid-19, mais qui n'y est pas uniquement lié. Elle évoque des raisons multifactorielles, tels que "l'anxiété liée au changement climatique", "les guerres qui se déclarent", "l'inquiétude face à l'avenir" ou encore la "pression" subie par les jeunes pour être "performants".

L'arrivée des nouvelles technologies a également constitué un facteur aggravant. Emilie Sauvaget souligne ainsi le danger de la "vie idéalisée" présentée par les réseaux sociaux sur un jeune en période "de construction", qui entraîne un risque de comparaison permanent. Elle note également que cela entraîne une baisse du temps dédié "à réfléchir, à penser, à élaborer, à aller se promener...".

Plus d'anxiété à l'adolescence ?

Emilie Sauvaget note également que la santé mentale des jeunes "se dégrade plus dans le secondaire", du fait de l'approche de la vie active ou de l'adolescence. La psychologue se veut toutefois rassurante : "attention à ne pas tout psychologiser, c'est normal de ressentir de l'anxiété à l'adolescence". Elle identifie ainsi l'adolescence comme une période "de turbulences", où "il se passe plein de choses en nous".

Des signes doivent cependant être considérés comme plus alarmants chez l'adolescent, comme le repli sur soi-même, le manque d'appétit, l'arrêt d'activités extérieures ou les troubles du sommeil. La psychologue note en outre la difficulté de se confier à un parent ou à un psychologue : "les jeunes, dans 69% des cas, se confient à un autre pair, donc être là pour faire avec eux, par eux et pour eux, c'est fondamental". Pour repérer ces sites, elle conseille le site d'informations sur la santé mentale www.psycom.org/.

"La santé mentale, c'est comme la santé physique, on en a tous une", insiste Emilie Sauvaget, "on peut travailler tout au long de sa vie". Et la psychologue se réjouit de la levée du tabou autour de ces questions, particulièrement après la période de pandémie. Ce qui a donné lieu à la création des premiers secours en santé mentale, une formation prévue pour les adultes et pour les jeunes.