La Municipalité a mis la main à la poche pour acheter deux anciens manuscrits religieux, en très bon état en lien avec Bourges. Il s'agit de livres de prières illustrés, dont l'un date du XVe siècle !
Ce sont deux magnifiques ouvrages qui viennent désormais garnir les collections de la bibliothèque patrimoniale des Quatre Piliers. La Municipalité a sorti le chéquier pour acquérir deux anciens manuscrits religieux : « La bibliothèque ne dispose pas de beaucoup de livres d'heures de cette période, ça nous permet d'enrichir nos collections » explique Caroline Laurent, conservatrice à la bibliothèque des Quatre Piliers. L'un des manuscrits est particulièrement remarquable : c'est un livre de prières qui a été réalisé à Bourges aux alentours de 1480... Probablement par 4 artistes, dont le fameux peintre Jean Colombe, qui a terminé le célèbre "Les Très Riches Heures du duc de Berry".
Le manuscrit enluminé sur parchemin a coûté environ 120 000 euros à la ville. Une magnifique pièce, en très bon état se réjouit la conservatrice : « Le manuscrit est impressionnant par le nombre d'enluminures ! On en compte 66, dont plus de la moitié sont en pleine page. C'est un livre d'heures, c'est-à-dire un livre de prières destiné aux laïcs, qu'ils peuvent feuilleter à la maison à tout moment de la journée. »
C'est beaucoup plus rare à l'époque, puisque l'imprimerie existe depuis la Renaissance. Il faut savoir que dans le monde de l'Église, les manuscrits ont perduré plus longtemps.
Le manuscrit aurait été réalisé pour Renée de Bourbon-Vendôme, une noble de l'ouest de la France qui deviendra plus tard abbesse de l'Abbaye de Fontevraud. C'est dire la place de la capitale berrichonne à l'époque : « Bourges, c'est une ville du manuscrit et de l'enluminure. Jusqu'à la fin du XVe siècle et au début de la diffusion de l'imprimerie, c'est une ville qui est très importante. Malheureusement, elle ne va pas prendre le train en marche pour l'imprimerie et décline aux XVIe et XVIIe siècles » explique Caroline Laurent.
L'autre ouvrage acquis par la ville est plus récent, il daterait d'environ 1733. Dégoté à New York pour un prix de 9 000 euros, il s'agit encore d'un livre de prières, mais en papier cette fois, avec des illustrations religieuses faites à la plume, en camaïeu de rouge : « C'est effectivement un manuscrit et c'est beaucoup plus rare à l'époque, puisque l'imprimerie existe depuis la Renaissance. Il faut savoir que dans le monde de l'Église, les manuscrits ont perduré plus longtemps » détaille Caroline Laurent. L'ouvrage était destiné à l'archevêque de Bourges, Frédéric-Jerôme de Roy de La Rochefoucauld : « C'est très émouvant, il y a une petite note manuscrite dans l'ouvrage, qui dédie l'ouvrage à l'archevêque de Bourges, elle est datée du 1er janvier 1734. C'est sans doute un cadeau pour les étrennes de Monseigneur ». Au fil des pages, « Un rappel des principales fêtes religieuses, des prières en français, en latin, pour tous les moments de la journée. Il y en a notamment une qui est amusante : c'est la prière quand on s'habille, le matin ! ». Également de nombreuses illustrations, très variées : « Il y en a toutes les pages ! Des portraits de saints, des scènes issues du Nouveau Testament, mais aussi des sujets non-religieux, très ancrés dans le XVIIIe siècle. »
Les manuscrits devraient être numérisés et accessibles dans les prochains mois en ligne. Le plus ancien des ouvrages va être étudié par une chercheuse qui réalise une thèse à l'université de Genève.
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