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Labaky, prêtre maronite au-dessus de tout soupçon

Un article rédigé par Aubert Guinamard - RCF Calvados-Manche, le 9 novembre 2021 - Modifié le 9 janvier 2024

Lundi 8 novembre 2021, la cour criminelle de Caen était réunie pour juger le père maronite, Mansour Labaky. Un homme d’Église libanais, fondateur d’un orphelinat à Douvres-la-Délivrande, dans le Calvados. Il a été condamné pour viols et agressions sexuelles sur mineurs.

Illustration : Aubert GuinamardIllustration : Aubert Guinamard

 

1975, lorsque la guerre civile libanaise éclate, Mansour Labaky est un jeune prêtre, ordonné depuis une dizaine d'années. Il célèbre la messe dans l'une des paroisses de Damour, à quelques kilomètres de Beyrouth. L’homme d'Église devient une figure locale. Fondateur des Petits Chanteurs du Liban, invité sur les ondes de radios locales... En 1990, le père Labaky initie un grand projet : Notre-Dame-Enfants du Liban. Un foyer en France, pour les orphelins de la guerre au pays du Cèdre.

 

Un “héros” venu de l’autre côté de la Méditerranée

C’est sur la côte normande, à Douvres-la-Délivrande, que le foyer voit le jour. Dès les premières années, Notre-Dame-Enfants du Liban s’agrandit en accueillant aussi des enfants en difficultés scolaire.

Adélaïde* est l’une des pensionnaires. « Notre fille était dyslexique, raconte sa mère, à la Toussaint la directrice de son collège en région parisienne nous a informés que notre fille devait changer d’établissement ». Le foyer du père Labaky apparaît alors comme la meilleure solution. « Nos amis nous l'avaient vivement recommandé ». Dans les « milieux cathos » le nom du prêtre circule activement. Il est considéré comme un héros de la guerre du Liban. Un « saint » pour certains. 

Dans les médias, l’homme plaît à se montrer entourés des enfants qu’il aurait sauvé d’une vie de misère dans un pays ravagé par la guerre civile. Mansour Labaky se construit une aura forte, auteur de plusieurs livres et invité d’une des grandes émissions de télévision du moment : « Bas les masques », présentée par Mireille Dumas.

 

Labaky accusé de viols sur mineurs

Mais le prêtre libanais cache une part bien plus sombre de sa personnalité. Ce lundi 8 novembre 2021, devant la cour criminelle de Caen, plusieurs femmes qui ont suivi leur scolarité dans l'établissement normand témoignent. Elles décrivent les attouchements qu'elles ont subi de la part du père Labaky. Pour certaines, les faits vont jusqu’au viol. 

Des actes commis par celui que leurs propre parents considéraient alors comme un homme rayonnant d'une foi hors du commun. A la barre, beaucoup d'émotion et de détresse dans la voix des victimes qui avaient, pour certaines, 8 ou 13 ans au moment des faits. 

Adélaïde se souvient du cérémonial du baiser. « Les enfants se réunissaient autour du père chaque soir pour un dernier mot de sa part avant le coucher ». C’est en remontant vers le dortoir que la petite collégienne est appelée par le prêtre. Il l’invité à le suivre dans son bureau. « Il me fait asseoir sur ses genoux et ses mains se baladent ». Adélaïde s’effondre en larmes en racontant la suite. Les faits se reproduisent durant l’année.

 

Condamné par l'Église puis la Justice française

Dès les années 2011 et 2012, suite à des signalements, l’Église engage une procédure canonique à l’encontre du prêtre. L'officialité, le tribunal ecclésiastique, le condamne à une vie de pénitence. Rome lui interdit de confesser et de célébrer l’eucharistie en public. Mansour Labaki est déjà âgé. Le prêtre de 72 ans se retire alors au Liban. Il y retrouve des proches et des croyants qui le soutiennent fermement contre les accusations qui pèsent contre lui. 

Peu après, la Justice française le met en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. Un mandat d'arrêt international est délivré à son encontre. Mais le Liban refuse de l'extrader. 

Convoqué lundi 8 novembre 2021 devant la cour criminelle de Caen, Mansour Labaki est absent. Le box des accusés est vide. Le libanais plaide un état de santé aggravé l'empêchant de voyager loin. Au bout d'une longue journée d'audience, la Justice le condamne à 15 ans de réclusion.

* (le nom a été changé pour conserver l'anonymat des victimes).

 

 

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