L’abaya était un des sujets au cœur de cette rentrée scolaire. Malgré son interdiction, 300 jeunes filles se sont présentées en abaya à l’école, à la rentrée. Le flou persiste autour de ce vêtement. Est-il religieux ou culturel ? C’est le sujet du dossier de la rédaction.
Vêtement traditionnel ou vêtement religieux ? La question de l’abaya a fait couler beaucoup d’encre lors de cette rentrée scolaire 2023. Malgré son interdiction à l’école par le Ministre de l’Education, Gabriel Attal, le débat continue autour de cette habit.
A l’origine, l’abaya est d’abord un vêtement traditionnel, venu du golfe persique et particulièrement porté en Arabie saoudite, où il a un temps été obligatoire. Elle n’est pas explicitement mentionnée dans les textes religieux, mais elle répond à « l’obligation de pudeur » requise dans l’islam.
“C’est une robe longue et ample qui a pour objectif de couvrir le corps de la femme. Il répond à cet impératif de pudeur, demandé par la religion musulmane” explique Anne Laure Zwilling, anthropologue des religions au CNRS. Si, certaines le portent pour se couvrir, ce vêtement est loin de signifier la même chose pour tout le monde, selon le chercheur. “Cela ne veut pas dire que c’est un vêtement religieux. Il peut être porté par des filles qui ne sont pas musulmanes, certaines adolescentes ont dit qu’elle le portrait car elle trouvait cela amusant ou saillant, il y a aussi des musulmanes qui ne la porte pas. Ce n’est pas un vêtement univoque, il peut y avoir pleins de raisons de la porter" précise la chercheuse.
Selon elle, il est donc difficile de catégoriser ce vêtement comme un signe ostensiblement religieux et à ce motif, de l’interdire. “Je comprends le besoin d’avoir une règle précise et claire, à laquelle les professeurs et les chefs d’établissement peuvent s’adosser”, reconnaît Anne-Laure Zwilling, “ mais c’est difficile de mettre de la clarté, là où il n'y en a pas.”
Nicolas Cadène, cofondateur de la vigie de la laïcité, note lui aussi cette difficulté d’interprétation sur ce vêtement. Plus que le vêtement en lui-même, Nicolas Cadène estime que c’est au comportement de l’élève qui porte l’abaya qu’il faut prêter attention. “Si vous avez une élève qui vient tous les jours avec une abaya, qui refuse de l’enlever, qui refuse de mettre une tenue conforme pour le sport ou les TP de chimie, là il y a de quoi s'inquiéter. C’est au comportement qu’il faut jauger” , explique-t-il.
Alors que cette polémique prend de la place, certains proposent directement de mettre en place un uniforme à l’école, pour résoudre ces questions. Gabriel Attal l’a lui-même évoqué, estimant que l’uniforme à l'école “ mérite d’être testé ". Pour René Chiche, professeur agrégé de philosophie et porte-parole du syndicat de l’éducation nationale, Actions et Démocraties, l’uniforme permettrait de faire avancer les choses plus rapidement sur ces sujets-là. “ Je pense qu’on aurait gagné du temps à mettre en place une tenue unique, une tenue d’élève, plutôt que de se perdre dans les débats sur l’abaya.” déplore-t-il, « Ca permettrait de faire sentir aux élèves qu’on a l’école et mettre en place une certaine atmosphère de travail.” Gabriel Attal annoncera les modalités d'expérimentation sur
l’uniforme, à l’automne prochain.
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