Je ne sais si vous avez regardé la course cycliste Gent-Wevelgem, l'autre dimanche ... Je n'y peux rien mais il m'arrive encore de laisser échapper des mots de flamand.
Il s'est passé quelque chose de surprenant : surprenant non pas parce que cette course traversait le pays de mes ancêtres. Non pas parce que mon vieux papa était tout heureux de découvrir les paysages de son coin de Flandre occidentale, comme il ne les avait jamais vus, au temps de sa jeunesse. Que voulez-vous ? Dans les années d'après guerre, les personnes ne regardaient pas la télévision, encore moins des images envoyées par hélicoptère ou par drone. Il n'y en avait pas ! Pas surprenant non plus parce que, ce jour-là, comme le disait Luc Varenne à la radio, c'est un petit belge qui a gagné : Wout Van Aert. Surprenant, simplement parce que le village de Wevelgem n'a pas trouvé une salle assez grande pour accueillir les journalistes venus de l'Europe entière. Pourtant, Wevelgem n'est pas un trou perdu. Il y a même un champ d'aviation. "Alors que faire ?", se demandaient les organisateurs. Pourquoi ne pas demander à la paroisse si elle peut nous accueillir dans l'église, pour la circonstance ? D'autant qu'elle est très grande. Un lieu approprié pour plus de 100 personnes, tout le matériel de diffusion en direct, les tables, les calbes,...
Le curé, tout heureux que l'on parle de son église, a rapidement été favorable. S'il ne tenait qu'à lui, il n'y aurait pas de problème. Une belle publicité pour son beau bâtiment, mais il n'était pas seul à décider. Comme le bourgmestre avait son mot à dire, ce dernier a été pris de panique... comme le diable dans l'eau bénite. Et question diable, on n'était pas à Crupet. Autant dire que s'il avait une pièce de monnaie entre les deux fesses, elle ne tomberait pas !
Aussi vite, il en réfère au gouverneur de la province, Carl Decaluwé. Si vous n'êtes pas au courant, c'est un des plus sévères gouverneurs en Flandres. "Il n'a pas le cul étroit", dit un spot wallon. Souvenez-vous, c'est lui qui a envoyé la police, de La Panne à Knokke-Heist, au temps des congés, pour que les touristes ne viennent pas en masse à la mer. Il avait même demandé à la SNCB d'interdire aux trains d'arriver jusque là. Ils devaient s'arrêter à Gand. Pas plus loin !
A-t-il eu peur, lui aussi ? Je ne le sais. Toujours est-il qu'il a demandé son avis au ministre flamand des sports : Ben Wuyts. Il connaissait sa passion pour le vélo. Vous voyez l'affaire d'ici ! Comme quoi, que vous soyez puissant ou misérable... comme je le disais l'autre semaine, vous ne saurez dire ce qu'il y a dans le cœur d'un ministre. Comme quoi aussi, pour une affaire qui devait être réglée au plus vite, il a fallu des jours et des jours pour avoir une réponse, laissant les coureurs dans l'expectative. Ils n'y étaient pour rien, eux. La solution : partir, non point de Gand, mais d'Ieper.
Pour les Rameaux, ce dimanche-là, je n'étais pas autorisé à recevoir plus de 15 personnes dans la toute aussi grande église de Marche. Est-ce que vous comprenez encore quelque chose, vous, à ce que les ministres décident ? Il me semble - je dis bien il me semble - qu'il y a un réel disfonctionnement au royaume de Belgique. Pour le dire autrement, çà ne saurait aller pire que de travers.
Parlant de notre pauvre Belgique, quand j'écrivais ce morceau, j'apprenais qu'un juge de Bruxelles a donner raison à Quentin Dujardin et à ses amis. Ils eurent bien raison de nous rassembler à Crupet, afin de défendre les hommes de théâtre, les musiciens, les restaurateurs, les cafetiers et tant d'autres, afin d'envoyer aux "sept cent diables et encore plus loin" (spot wallon,) toutes ces règles du gouvernement De Croo et Vandenbrouck. Parce qu'elles n'étaient pas passées par le parlement, elles ne valaient rien ; et moins que rien, si je puis parler ainsi. Nous verrons bien ce qui se passera dans trente jours. Attendons !
Prochainement, je vous parlerai du très beau texte de mon ami Philipep Vauchel, le jour de Pâques. Notre évêque avait souhaité qu'il écrire un message d'espérance afin d'encourager tous ceux et celles qui ont travaillé et continuent de travailler durement, au temps de la crise sanitaire. Mais ce ne sera pas un texte furieux et revendicatif, parce qu'il ne nous est toujours pas possible d'être à plus de 15, le jour de grand messe. Non ! Tout au contraire !
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