Il y a peu, j'ai été invité par quelques amis pour leur faire découvrir l'église de Waha ; en wallon, bien sûr ! Et si vous ne le savez pas, j'ai été curé là-bas, près de 10 ans. Alors, j'ai approfondi un rien l'histoire de ce beau bâtiment, qui existait déjà avant 1050. J'ai appris à connaître les plus belles pièces de cet édifice, qui est une des plus vieilles églises de Belgique.
Quand je la visite avec des amis, je commence par leur demander : "A votre idée, qu'est-ce qui reste ici de visible de 1050 ?" Souvent, ils ne savent que répondre. il parle des piliers impressionnants. Ils étaient déjà là, avant que le seigneur local ne transforme une grange en chapelle privée : la chapelle du château de Waha, non loin de l'église paroissiale.
Alors, je leur raconte que Théoduin, évêque de Liège, est venu bénir la chapelle du châtelain. Au 11ème siècle, le village faisait partie de de la principauté de Liège. Le seigneur de Waha était alors un influent prince de Lotharingie - le côté germanique du grand empire de Charlemagne : empire divisé en trois, entre ses trois fils.
Au château de Waha, en l'an 950, eut lieu un rassemblement des dirigeants de ce grand empire. On en a retrouvé trace à Munich, en Bavière.
A l'entrée du chœur, on peut toujours admirer la pierre dédicatoire, celle du jour de la bénédiction de l'édifice, le 26 juin 1050.
C'est surtout aux murs extérieurs presqu'identiques à ceux du temps des premiers moines, que l'on peut le mieux reconnaître l'ancienneté de l'édifice. Les murs ont peu changé, si on l'a rebâti deux fois, en 970 ans.
Dans l'église, quatre statues d'un sculpteur, que l'on appelle "Le maître de Waha". On a pu les dater de 1510. Le calvaire, avec Jésus en croix, Marie et saint Jean, ainsi qu'une sainte Barbe, qui est la sainte patronne des carriers. Aux confins du villages, il y avait des carrières dont on extrayait les pierres pour bâtir l'église et les maisons du village.
Chaque année, nombreux sont les visiteurs à venir admirer les vitraux de Jean-Michel Folon : un patrimoine exceptionnel. Les premiers ont été installés en 2005.
Pour quelle raison a-t-on demandé à un ce grand peintre d'imaginer ces vitraux ? Le bourgmestre de Marche, André Bouchat, qui appréciait follement l'église, voulait lui donner des couleurs. Elle n'avait que des carreaux blancs. Si vous ne les avez pas encore vus, il vous faut absolument faire le détour par là. Je suis sûr que vous les trouverez remarquables.
Ce serait trop long de les expliquer tous les six. Mais je vais vous lire un passage de ce qu'a écrit, sur le sujet, mon ami Paul Gilles.
Les vitraux racontent l'histoire de saint Etienne. qui est le saint patron de la paroisse. Il a été le premier martyr chrétien, tué par lapidation (jet de pierres). C'était, à l'époque, une manière d'exécuter un condamné.
"Nous sommes arrivés à la cène du lancement des pierres ( juste en face du vitrail des juges qui condamnent ). Saint Etienne a été traîné hors de la ville pour y être exécuté, à coups de pierres.
Saint Grégoire, au 4ème siècle, a écrit : " Saint Etienne a ressenti ce jet de pierres, comme une douce pluie de flocons de neige". Il récite ses prières et demande à Dieu de pardonner à ses bourreaux.
Le vert plus foncé peut vouloir dire que le blé a poussé, la bonne parole de l'Evangile croît pour bientôt porter ses fruits. Le ciel est couvert de nuages. C'est un jour triste pour les chrétiens. Les cailloux, bien ronds, sur le dessus, se transforment en flocons de neige. Serait-ce pour montrer que la foi de saint Etienne, en la parole de Jésus, lui a épargner bien des douleurs ?"
Si vous le souhaitez, je suis toujours prêt à vous faire la visite ; en wallon, évidemment ! Ce serait une belle manière de rassembler un peu d'argent pour sponsoriser RCF Sud Belgique et, surtout, de passer un bon moment ensemble ! Je vous l'assure.
Bons congés à vous tous ! Nous nous retrouverons au mois de septembre, avec, comme toujours, des perles de textes en wallon. "Grandiveûs va !", "Pas vantard, notre homme !" me répliquerait mon ami Pierrot.
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