Pour comprendre la position de l’Eglise sur le sujet, et sa réception contrastée chez les fidèles, les altercathos organisaient samedi dernier à Lyon une journée de formation et de débats. C’est dans l’ADN des altercathos d’organiser ce genre de débats. L’association lyonnaise fondée par le normalien Paul Colrat en 2011 n’est ni un parti politique ni une succursale de paroisse, mais elle réunit des citoyens soucieux de se former aux questions politiques et sociales contemporaines à la lumière de la Doctrine Sociale de l’Eglise.
Dans leur repaire, le café le Simone, situé en plein de centre de Lyon, une cinquantaine de personnes sont venues assister à cette journée de réflexion et de débat sur les migrants en présence notamment de responsables d’associations, d’hommes d'Église, de journalistes et de professeurs de tous bord.
Il faut dire que depuis son élection, le pape François ne cesse de plaider pour l’accueil des migrants. De Lampedusa à Lesbos en passant par la frontière entre le Mexique et les Etats Unis, le pape argentin secoue les consciences et fustige "la mondialisation de l’indifférence". Pourtant, ce devoir d'accueil des migrants prôné par l’Eglise n’est pas toujour une évidence pour les catholiques.
Entre ceux qui défendent un accueil inconditionnel et ceux pour qui les migrants représentent un danger, les points de vue, les sentiments sont contrastés. Les Altercathos ont donc voulu comprendre les raisons de ces divisions mais aussi s’interroger sur la responsabilité des catholiques sur le sujet. Pour Mgr Benoist de Sinety, vicaire épiscopal de Paris, présent à l'occasion de cette journée de formation, les chrétiens ne peuvent pas se taire, ils ne doivent pas subir mais agir sur cette question de l’accueil des migrants.
Ce plaidoyer en faveur de l’accueil des migrants s’appuie évidemment sur l’évangile de Saint Matthieu, qui fonde l’attitude chrétienne à l’égard des migrants : "J’étais un étranger et vous m’avez accueilli.” Mais aussi sur plusieurs principes de la doctrine sociale de l’Eglise comme la destination universelle des biens, les droits inaliénables de la personne humaine ou encore le droit d’immigrer.
Patrick Louis est professeur d’économie et de géopolitique à l’université Lyon III. Il fait partie du comité scientifique de l’ISSEP, l’Institut de sciences sociales économiques et politiques fondée par Marion Maréchal. Et il était également présent à la journée des Altercathos. Pour lui il faut distinguer l’appel à la charité individuelle, de la politique.
Précisons que les réticences à l’égard de cet accueil des réfugiés, des demandeurs d’asile est perceptible à droite comme à gauche, à tous les niveaux de l’échiquier politique. Cet accueil peut être vécu comme une menace pour l’identité chrétienne. Ces réticences peuvent aussi exprimer une peur de l’islam ou s’appuyer sur des raisons économiques.
C’est ce qu'a constaté Pierre Jova journaliste à Pèlerin et à Limite. Il a mené une enquête de terrain sur l’accueil des migrants en s’appuyant notamment sur le livre du sociologue Yann du Cléziou, "Qui sont les cathos aujourd'hui?” (éd. DDB). Pierre Jova publiera début 2019 chez Tallandier, les résultats de cette enquête de terrain sur l’accueil des migrants. Une enquête destinée à faire entendre la voix de ces personnes en exil mais aussi à montrer l’action des acteurs catholiques dans les diocèses.
L’accueil des migrants, une question morale politique mais aussi une pédagogie. Celle de la rencontre expérimentée par les acteurs de terrain et notamment le Secours catholique. A Lyon, le Secours catholique accueille de nombreux réfugiés demandeurs d’asile sans papier. Des hommes isolés mais aussi des familles qu’il faut aider comme nous l’explique Pierre Keller, délégué du Secours Catholique dans le Rhône.
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