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L’accueil solidaire en entreprise

L’accueil solidaire en entreprise

Un article rédigé par Lucile Erb - RCF Alsace, le 27 février 2025 - Modifié le 27 février 2025
Même pas peur ! · RCF AlsaceL’accueil solidaire en entreprise

330 000 personnes sont sans logement pérenne en France et les locaux d’entreprise ne sont occupés que 30% du temps. Et si on mêlait l’utile à l’utile ? Il est possible de les utiliser à des fins solidaires et on voit ça tout de suite avec Hélène Tonetti et Morgane Schmitt de l’association Les Bureaux du Cœur ! 

© DR© DR

Lucile Erb : Nous avons l’habitude de commencer cette émission avec une citation pour introduire le propos. Quelle citation avez-vous choisi et pourquoi ? 

Hélène Tonetti :  J’ai choisi une citation qui me parle beaucoup dans différents projets : « “C’est impossible”, dit la fierté, “c’est risqué” , dit l’expérience,  “c’est sans issue”, dit la raison,  “essayons”, murmure le cœur ». 

L.E. : Vous avez essayé cela aux Bureaux du Cœur ? 

H.T. : On essaie ! Cela ne semble pas être quelque chose de très évident, c’est innovant, mais on y croit et on ouvre son cœur ! 

Morgane Schmitt : « Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin ». J’avais oublié qu’il fallait trouver une citation pour aujourd’hui, mais quand j’ai cherché sur Internet, je me suis dit, « c’est celle-là ». Pourquoi ? En étant seule chez moi à la maison, je ne vais aider personne, alors que si je vais voir une association et je propose de faire du bénévolat, à plusieurs, on peut faire avancer les choses ensemble. 

L.E. : Morgane est bénévole aux Bureaux du Cœur. Pourriez-vous nous expliquer, Hélène ou Morgane, ce que sont les Bureaux du Cœur, et quand l’association a été créée ? 

H.T. : Il s’agit de l’initiative d’un groupe d’entrepreneurs qui est né il y a quatre ans à Nantes. L’idée était de proposer un accueil d’urgence individuel pour des personnes en insertion au sein de bureaux d’entreprise, qui sont vides, et parfois chauffés pour la plupart, la nuit et le week-end.

L.E. : Vous avez parlé de Nantes, mais vous êtes sur toute la France ? 

H.T. C’est ça. Nous sommes présents dans 25 villes en France aujourd’hui. 

L.E. : Hélène, vous êtes chargée de développement de l’Est. Pourriez-vous nous dire en quoi cela consiste ? 

HT. Je m’occupe d’une grande partie Est, la zone qui va de Strasbourg jusqu’à Nice. J’accompagne, à la fois les délégations qui existent déjà, comme la délégation de Strasbourg à laquelle appartient Morgane. Il s’agit de bénévoles présents sur les territoires, qui cherchent à faire émerger le projet dans leur ville. Ils s’occupent de trouver de nouvelles entreprises, des partenariats, favoriser des accueils et aussi accompagner des initiatives plus individuelles, de personnes qui me contactent dans des villes où les Bureaux du Cœur ne sont pas encore présents et où il y a une demande. Je les accompagne pour créer cette nouvelle délégation. Depuis que j’ai pris le poste au mois de janvier, j’ai accompagné une équipe prête à développer sur Nancy et sur Dijon. D’autres villes se préparent. 

L.E. : Vous êtes donc salariée des Bureaux du Cœur ?

H.T. : C’est exact et je suis basée à Lyon. 

L.E. : Pouvez-vous nous en dire plus sur le modèle économique de l’association ?

H.T. : Lors de la création de l’association, nous avons eu un soutien de la part de la Fondation de France, des subventions qui nous ont permis de démarrer l’activité. Une partie du travail de l’équipe salariée est d’aller chercher d’autres subventions. Nous recevons beaucoup de réponses positives de différentes fondations ou collectivités. Par ailleurs, nous demandons également à nos entreprises hôtes une petite participation pour nous permettre de soutenir le projet. En revanche, c’est une adhésion que nous souhaitons libre et consciente. On favorisera toujours l’accueil pour l’entreprise, indépendamment du fait qu’elle puisse ou pas financer une grosse somme. En fonction de sa situation financière ou de son envie, elle pourra donner plus ou moins d’argent.

L.E.: Combien êtes-vous de salariés et de bénévoles ? 

H.T.: Nous sommes six salariés répartis entre Paris, Nantes et Lyon pour le moment, et nous avons 160 bénévoles sur tout le territoire.

L.E.: Pour cette émission, nous sommes également accompagnée de Morgane, qui est bénévole en Alsace. Comment avez-vous découvert cette association et quelle a été votre motivation pour participer au projet commun ? 

M.S.: J’ai découvert Les Bureaux du Cœur via mon entreprise, car nous avons la possibilité de réaliser deux jours de travail solidaire par année grâce à la plateforme “Vendredi”. J’ai choisi les Bureaux du Cœur parce que c’était local, avec la possibilité d’aider des personnes du secteur. Aujourd’hui, il y a tout de même beaucoup de sans-abri. L’idée est de pouvoir aider des personnes qui sont dans une situation d’urgence, leur trouver un toit, ne serait-ce que pour quelques mois, pour qu’elles puissent rebondir et avoir la possibilité d’avoir une deuxième chance dans leur vie. Chance que tout le monde devrait avoir une fois dans sa vie. 

L.E.: Quelles sont vos missions de bénévoles ? 

M.S.: J’accompagne Hélène pour l’aider à traiter les messages entrants. Par exemple, si une entreprise ou une association nous contacte, nous, les bénévoles du secteur, nous pourrons directement aller voir les personnes concernées, visiter les locaux et donner des informations. Cela permet d’avoir ce contact quotidien avec Hélène et d’être au plus près des gens qui en ont besoin. 

L.E.: Justement, comment cela se passe-t-il lorsqu’une entreprise vous contacte ? Ou que vous contactez une entreprise ? Quelles sont les étapes jusqu’à accueillir une personne pour l’entreprise ? 

H.T.:  C’est le rôle des bénévoles de pouvoir accompagner chaque entreprise à devenir hôte. Ça passe par le côté purement matériel de pouvoir identifier dans les locaux, le bon espace qui va être mis à disposition pour l’invité (c’est comme ça qu’on appelle les personnes qu’on accompagne). Cela peut être dans un bureau, dans une salle de réunion qui, en journée, garde cet usage de bureau et de salle de réunion, mais qui, à partir de 18h-18h30 se transforme en coin nuit. Donc on indiquera à l’entreprise que peut-être, dans cet espace, on pourra rajouter un clic-clac ou autre lit convertible selon la place, un petit casier, pour qu’il puisse laisser des affaires. Il faut être surs qu’il y ait des sanitaires (une douche, mais ce n’est pas obligatoire, au moins un point d’eau chaude) et l’accès à une kitchenette (frigo, micro-onde). Ensuite, pour le côté assurantiel, on fait rajouter sur le contrat une clause multirisques, qui va permettre d’encadrer cet accueil. On a des accords nationaux avec de grosses compagnies d’assurances, qui facilitent un peu les choses. Si l’entreprise n’est pas propriétaire des locaux, on peut discuter avec le bailleur, le rassurer et lui présenter le dispositif, le rencontrer si besoin. Nous participons aussi à l’accompagnement de l’équipe salariée pour être surs que le projet va être vraiment porté par l’ensemble des salariés. Parfois, il est nécessaire de faire une intervention de sensibilisation pour rassurer, pour répondre aux questions, lever quelques freins ou quelques craintes. Voilà tout ce qu’on peut faire pour accompagner les entreprises. Quand tout est prêt, l’entreprise devient hôte et c’est là que nous pourrons la mettre en lien avec nos structures partenaires de l’insertion, qui vont identifier un invité. On organise une première rencontre pour faire connaissance, se présenter, répondre aux questions, faire en sorte que l’invité puisse se projeter dans le lieu. Ensuite, on laisse 24h de réflexion, aussi bien à l’invité qu’à l’entreprise. C’est un peu comme une coloc : « est-ce qu’on le sent bien ? » « Est-ce que la confiance est là ? » Si tout le monde est d’accord, on se retrouve le lendemain ou le surlendemain pour signer une convention d’accueil. Il s’agit d’un rendez-vous un peu plus formel, où on encadre cet accueil : d’abord en termes de durée (on part sur trois mois renouvelables une fois), en termes d’horaires (arrivée de l’invité vers 18h-18h30, avec un départ le matin vers 8h-8h30, quand les premiers salariés arrivent). Dans cette convention, il y a également un état des lieux, un règlement intérieur. Les Bureaux du Cœur apportent aux entreprises le cadre, la sécurité. Nous travaillons avec des partenaires pour sélectionner les invités, ou en tout cas, bien les connaître, et il y a tout un suivi ensuite pendant l’accueil : tous les mois, les bénévoles vont rencontrer à la fois l’invité, la structure partenaire et l’entreprise hôte. 

L.E.:  Qui sont ces invités ? Est-ce que quelqu’un vous met en lien avec eux ou c’est vous qui les trouvez ? 

H.T.: Nos structures partenaires de l’insertion peuvent être des associations de solidarité (comme le Secours Catholique, Atelier quart monde, Habitat et Humanisme, les Ateliers d’Auteuil), mais aussi des organismes publics (CCAS, missions locales, des structures de l’insertion par l’activité économique pour leurs salariés en contrat d’insertion). Toutes ces structures ont en commun le fait qu’elles accompagnent une personne dans un projet, un rebond professionnel, une formation, un apprentissage (l’apprentissage du français par exemple), et à un moment donné, la personne a un problème de logement. Même si les invités n’ont pas forcément envie de revenir sur leur période sans logement, parfois, ils sont contents de donner des nouvelles, de venir témoigner, parfois auprès d’entreprises, pour expliquer l’impact que cela a eu dans leur vie et donner envie à d’autres entreprises de franchir le pas. 

L.E. : Hélène, Morgane, si je suis en Alsace et je veux vous aider, que faut-il que je fasse ? 

M.S. : Nous cherchons des entreprises qui souhaitent accueillir des invités et également des bénévoles comme moi, qui ont envie de partager un peu de leur temps pour aider des personnes en difficulté à rebondir, à trouver un nouveau travail.

L.E.: Est-ce que l’association prend des dons ? 

H.T. : Tout à fait, il y a sur notre site Internet une page pour un don. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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